En 2002 Panini lance une nouvelle revue en kiosques, X-Treme X-Men et il y a du beau monde. Chris Claremont reprend l’écriture d’une série X-Men avec X-Treme X-Men, les lecteurs français découvrent la reprise dingue de X-Force par Peter Milligan et Mike Allred (un must) et enfin une toute nouvelle série, Exiles. Celle-ci se concentre sur les réalités alternatives, ce dont ne manque pas l’univers Marvel, avec une équipe de représentants de différentes dimensions, des têtes connues et d’autres qui font leur apparition.


La série rappelle Sliders, une série des années 1990 diffusée sur M6 qui voyait des personnes aller d’une dimension à l’autre. Pour Exiles, il s’agissait de sauver ces dimensions, connues ou inventées pour l’occasion, sur les recommandations du courtier du temps, un étrange petit bonhomme aux airs de majordome. D’un premier abord, on pouvait se dire « à quoi bon ». La série n’aurait pas ou peu d’importances sur le « vrai » univers Marvel.


Et c’est vrai. Et c’est tant mieux. Puisque tout était possible, le scénariste Judd Winick s’en est donné à coeur joie. En restant dans les canons Marvel, il a offert des histoires palpitantes, avec des personnages développés mais tous sacrifiables. Il resta sur le titre une trentaine de numéros, mais ses successeurs Chuck Austen et Tony Bedard ne déméritèrent pas. Dans Exiles, il était fréquent de s’attacher à un personnage sur une dizaine de numéros avant qu’il ne soit tué au cours d’une aventure interdimensionnelle. Les personnages n’ayant pas l’aura des têtes d’affiches de Marvel, le lecteur savait bien que c’était généralement un adieu, souvent poignant, plutôt qu’un au revoir.


Au numéro 90, Chris Claremont arrive sur le titre. Et pourquoi pas. Il est familier des dimensions parallèles, un thème qu’il a développé dans ses épisodes des X-Men, d’Excalibur ou de Fantastic Four. Mais depuis les années 1990, le scénariste a perdu de sa superbe, avec des histoires sans imaginations, ballotté de séries en séries par un Marvel dont on sent que la compagnie ne sait plus quoi faire de lui.


Et malheureusement c’est bien un scénariste sans grande motivation qui arrive sur cette série. C’est à ce point flagrant que les deux grandes sagas qui se suivent se ressemblent. Dans la première, les Exilés combattent une Jane Storm maléfique. Heureusement ils peuvent compter sur un Red Richards en clandestinité. Dans la seconde, le groupe doit affronter des 4 Fantastiques menés par Fatalis. Heureusement ils peuvent compter sur un Red Richards en clandestinité.


Nous noterons aussi que le Spider-Man 2099 connaît coup sur coup deux histoires amoureuses présentées comme importantes, avant d’être balayées dès l’épisode suivant.


Vraiment, Chris ?


Le traitement diffère dans les deux, mais on ne peut pas nous faire croire qu’il n’était pas possible de faire tourner les histoires ailleurs qu’autour des Quatre fantastiques. Nous noterons aussi que le scénariste a une bien curieuse manière de respecter l’héritage du titre, en faisant revenir un personnage emblématique pour le plaisir du rebondissement facile et en oubliant délibérément une intrigue secondaire importante du scénariste précédent, juste mentionné dans le premier épisode avant de disparaître de toute conversation. Le scénariste se fait aussi plaisir en incorporant ses personnages fétiches, tels que Psylocke ou Kitty Pride, mais rien n’y fait. Cela ne fonctionne pas. Les relations entre les membres sont forcées, l’alchimie ne fonctionne plus.


Le run de Chris Claremont est à ce point pénible qu’il s’arrête à l’épisode 100. Sauf que celui-ci apporte de nouveaux éléments sans nous les avoir présenté par rapport au numéro 99. Comme s’il y avait un épisode 99,5 quelque part pour faire le lien, mais non. Un épisode spécial est bien sorti en parallèle, mais n’a rien à voir. Il est écrit par Mike Reicht, et se montre bien plus inventif. Les derniers épisodes écrits par Chris Claremont sont confus, ils semblent avoir été baclés pour pouvoir conclure la série au numéro 100. C’est normal, juste après la série redémarrait au numéro 1, inédite chez nous. Toujours écrite par Monsieur Claremont, elle ne dura même pas 20 numéros.


Exiles 1 a été une série méconnue, mais très appréciable, utilisant au mieux le thème éculé des dimensions parallèles pour proposer des histoires très plaisantes, dans son petit coin. Pour le plus grand plaisir des lecteurs qui savent que la qualité des histoires ne dépend pas de qui meurt pendant le dernier crossover, et autres facilités commerciales habituelles de l’éditeur. Quel dommage que cette première série des Exiles s’arrête de cette façon, avec un scénariste sans imaginations, qui se contente d’un travail médiocre. Les quelques dessinateurs présents dans cette série de numéros permettent heureusement de supporter le massacre, notamment grâce à Paul Pelletier.


Ces derniers catastrophiques épisodes ont été compilés par Panini dans un Marvel Monster Edition, pour en finir d’un seul coup, d’un seul trait. Un cadeau, mais empoisonné.

SimplySmackkk
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le 22 mai 2019

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