Glenn Gould: qui était l'homme derrière le génie?

« Depuis toujours, Glenn Gould reste pour tout le monde un mystère. Et si l’on connaît son interprétation très personnelle de Bach, beaucoup ignorent quel homme il était. J’ai découvert ce pianiste, j’étais étudiante aux Beaux Arts de Bordeaux et je me souviens avoir été totalement séduite par sa musique mais aussi par la manière dont il la jouait. Glenn Gould m’accompagne depuis comme un ami, un double et par certains côtés, je lui ressemble. J’aimerais à travers cette BD, que l’on découvre l’enfant et l’homme qu’il a été pour mieux comprendre le génie que l’on connaît ». Sur son site, Sandrine Revel explique en quelques lignes pourquoi elle a décidé de consacrer une biographie dessinée à Glenn Gould. Ce pianiste canadien de génie, à la personnalité aussi solitaire que mystérieuse, est devenu l’une des premières stars planétaires de la musique classique grâce à son enregistrement des « Variations Goldberg » de Bach en 1955. Un disque qui reste aujourd’hui encore l’un des best-sellers absolus de la maison Columbia. Et pourtant, alors qu’il est acclamé dans le monde entier, y compris en URSS, Glenn Gould décide en 1964 de renoncer à la scène et d’arrêter brutalement sa carrière de concertiste pour se consacrer exclusivement aux enregistrements en studio et à des émissions de radio et de télévision. Personnalité complexe au mal-être tangible, Glenn Gould meurt d’un accident vasculaire cérébral en 1982, à seulement 50 ans. La BD de Sandrine Revel démarre de ce dernier épisode pour tenter de dresser le portrait du pianiste, grâce à toute une série de flash-backs allant de son enfance jusqu’aux dernières années de sa vie. Au fil des pages, on découvre un être singulier, à la fois mélancolique et hypocondriaque. Glenn Gould avait plusieurs obsessions: il voulait toujours jouer sur le même piano (un Steinway 174) et sur la même chaise. Très basse, celle-ci avait été fabriquée par son père et elle couinait, comme on l’entend sur certains enregistrements. Comme on l’entend également, Glenn Gould avait tendance à chantonner quand il jouait, ce qui perturbait évidemment les ingénieurs du son… de même que son besoin d’être toujours dans des pièces surchauffées. Très documentée, la biographie dessinée de Sandrine Revel est pleine de subtilité et de finesse. Comme l’explique l’auteure, elle a cherché grâce à ce livre à faire entendre le jeu de Glenn Gould, simplement grâce à son dessin. « La BD est un monde du silence, mais là j’invite le lecteur à entendre une musique », explique-t-elle. Au final, cela donne une BD originale et réussie, qui plaira particulièrement aux mélomanes. Cela dit, si « Glenn Gould: une vie à contretemps » permet d’en apprendre un peu plus sur l’inoubliable interprète des « Variations Goldberg », il ne perce pas véritablement le mystère du pianiste canadien, contrairement à ce qu’espérait Sandrine Revel en entamant ce projet. Le génie, ça ne s’explique pas.


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matvano
7
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le 26 mars 2015

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