Groenland Vertigo
7.3
Groenland Vertigo

BD franco-belge de Hervé Tanquerelle (2017)

Entre Jorn Riel et Hunther S. Thompson, Hervé Tanquerelle fait son Groenland Vertigo (Interview)

Interview enrichie de planches et de dessin de carnet de voyage sur: http://branchesculture.com/2017/01/21/herve-tanquerelle-groenland-vertigo-voyage-herge/


Et si on allait prendre l'air ? Celui pur et vivifiant d'un Groenland fantasmé. Il y a cinq ans, dans un mois d'août qui ne voit pas la nuit, Hervé Tanquerelle embarquait pour une expédition artistico-scientifique au coeur du Parc National du Groenland. Il a fallu du temps pour que l'auteur trouve comment raconter le mieux cette histoire. Dans un style hérité de Hergé (mais pas trop) et dans de magnifiques paysages, c'est un voyage qui vaut la peine d'être lu/vécu, entre fiction et réalité, entre Jorn Riel et Hunther S. Thompson. Nous avons rencontré ce Breton "heureux qui, comme Ulysse". Interview et carnet de voyage en fin d'article.


Bonjour Hervé, Groenland Vertigo, c'est avant tout l'histoire d'un voyage fait il y a pas mal de temps ? Pourquoi avoir mis cinq ans ?


C'est vrai que ça a pris un peu de temps. Pour plein de raisons, notez. Et plein d'autres choses en parallèle. Pourtant, cette expédition, j'y ai pris part avec une véritable envie d'en faire un bouquin. Pourtant, à la fin de ce voyage, j'ai dû me rendre à l'évidence, je n'avais pas assez de matière que pour être pertinent et réaliste. La raison est simple: le langage. Sur ce bateau où certains parlaient allemand et d'autres norvégien, nous n'avons pas su assez communiqué.


Vu cette absence de conversation de fond, j'ai dû mettre ce projet d'album entre parenthèse, le temps de trouver la manière qui me permettrait de parler de cette expérience. Elle est venue quand Brüno et Gwen de Bonneval m'ont relancé en amenant l'idée de... fiction !


Et petit à petit, j'ai glissé vers les Racontars, ces récits mêlant fiction et réalité, tels que Jorn Riel en avait écrit et que nous avions adapté, Gwen et moi, il y a quelques années. Un racontar, selon Jorn Riel, c'est une histoire vraie qui pourrait passer pour un mensonge à moins que ce ne soit l'inverse. Tout est dit.


Mais qu'est-ce qui est vrai, alors ?


Il ne faut pas que je le dise (rires). On comprend très vite ce qui est plausible. Mais, en même temps, Jorn Riel dit aussi que, dans ces Racontars, il n'a pas écrit certaines anecdotes véridiques parce que les lecteurs ne les auraient pas crues une seule seconde. Alors que...


Alors que la bande dessinée s'est mise à l'heure du reportage et du documentaire, vous aussi avec La communauté, vous revendiquez ici le droit au mensonge.


Oui, c'est raccord avec le propos de Jorn Riel, puis ça faisait sens dès lors que je ne savais pas tirer de ce voyage un documentaire. Mais je suis aussi un grand admirateur de Hunter S. Thompson, de sa manière de déformer la réalité, de faire de l'autofiction tout en écrivant de manière journalistique. À un moment, j'ai d'ailleurs pensé appeler cet album Groenland Parano. Mais finalement, ce que je racontais était assez éloigné des péripéties du gonzo journaliste. Ce n'était pas si rock'n'roll que ça et il n'y avait pas de drogue... si ce n'est le whisky.


Du coup, je me suis rabattu sur "Vertigo", un mot utilisé par Jorn Riel pour caractériser la folie des trappeurs pris dans la solitude.


Niveau dessin, on est d'ailleurs loin du carnet de voyage ou du reportage, vous vous raccrochez plus que jamais à Hergé !


Oui, et si l'idée de la fiction est arrivée tardivement, celle de mettre ce voyage à la sauce Ligne Claire est arrivée très rapidement. Scénaristiquement et graphiquement, j'entends. Bon, je savais le faire, je m'en étais rapproché dans La communauté ou Faux visages. Mon vocabulaire d'auteur de BD y est lié et je n'en étais pas si loin que ça. Mais, c'est vrai qu'ici, j'ai fait un pas en plus, j'ai poussé les curseurs à fond. Pour les personnages, en tout cas ! Car les paysages devaient garder leur aspect réaliste, avec du lavis et l'encre de Chine...


Mais, au niveau des personnages qui faisaient partie des participants à cette aventure, il y avait aussi cette ressemblance avec des personnages d'Hergé. Jorn Freuchen pas si loin d'Haddock, un Carreidas, des Dupondt, un Tournesol. Je voulais leur insuffler une certaine patine, avec l'ombre d'Hergé qui planerait. Un certain hommage à l'Étoile Mystérieuse, mais pas seulement. Cela dit, il n'était pas question de verser dans le plagiat ou le pastiche qui auraient empêché, étranglé ma narration personnelle.


Il y a aussi votre héros qui porte un triple-prénom, George-Benoît-Jean. Ce qui fait penser à George-Rémi, non ?


Je m'en suis rendu compte plus tard. Mais il s'agit en fait de mes trois vrais prénoms, ceux qui suivent Hervé. Ça sonnait bien, donc je les ai gardés. Ce personnage, c'est mon avatar, j'y ai mis beaucoup de moi, forcément. Sans doute, est-il un peu plus maladroit et angoissé.


Qu'est-ce qui vous a marqué en arrivant au Groenland ?


.... Suite sur: http://branchesculture.com/2017/01/21/herve-tanquerelle-groenland-vertigo-voyage-herge/

Alexis_Seny
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le 23 janv. 2017

Critique lue 570 fois

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Alexis Seny

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