Garth Ennis appartient aux meilleurs auteurs de comics de sa génération. Il se reconnait aisément à son style désabusé, qui s'emploie notamment à casser méthodiquement toutes les images « positives » que le lecteur peut avoir de figures comme les super-héros, pour montrer derrière une réalité plus crue et moins idyllique. Outre les super-héros, la guerre compte parmi ses sujets de prédilection, comme pour faire un pied de nez à toutes ces productions hollywoodiennes financées par l'armée américaine conçues pour donner envie aux spectateurs de s'engager.
Histoires de Guerre incarne ces idées à la perfection. Attention, cela ne signifie pas qu'il va vouloir dénigrer les pauvres bougres qui ont combattu pendant la Seconde Guerre Mondiale ; le sujet sera plus de nous narrer des situations souvent dramatiques, souvent provoquées par des supérieurs peu compétents, et dont le message reste grosso-modo toujours le même : la guerre c'est crade, et même les vainqueurs peuvent être considérés comme des perdants.
Dans Histoires de Guerre, chaque histoire a été confiée à un dessinateur en particulier – et pas des débutants, certains de ces messieurs ont des curriculum vitæ impressionnants – et chacune narre un fait spécifique, les plaçant à hauteur d'homme et nous les faisant vivre aux côtés des braves soldats, anglo-saxons ou non, qui les ont subi de plein fouet. Garth Ennis s'intéresse ici à des événements peu connus, ou du moins pas forcément très présents dans la culture populaire, comme la retraite des soldats allemands face aux armées de Staline mais du point de vue de ces mêmes soldats allemands, la campagne d'Italie, ou le ravitaillement des Soviétiques par les Anglais. Au drame humain viennent s'ajouter les qualités de scénariste de Garth Ennis, et les talents des différents dessinateurs qui se succèdent sur chaque chapitre. Le résultat est une œuvre intéressante pour les faits historiques qu'elle nous présente – chaque scénario est par ailleurs fort bien documenté, l'éditeur allant jusqu'à indiqué la bibliographie employée pour chacun en fin de volume – mais surtout absolument poignante, même si certains passages s'avèrent moins marquant que d'autres, en raison des événements eux-même moins marquants qu'ils relatent.
Pour tout amateur de comics un tant soit peu curieux ou appréciant suffisamment les histoires autour de la Seconde Guerre Mondiale, il s'agit d'un titre à ne surtout pas louper.

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le 6 mars 2012

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Ninesisters

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