Dans cette critique, je vais user de termes fort élogieux. En effet, il me serait par trop difficile de ne pas user de superlatifs devant un tel monument. J'espère étayer correctement ces termes. Ce tome 7 des aventures d'Ernest et Rebecca est, tout comme ses prédécesseurs, une pure merveille, un véritable chef d'oeuvre, tant au niveau de l'histoire, que du dessin et de la colorisation. Je m'en explique.


Tout d'abord, l'histoire. Avec ce tome 7 on en arrive aux 7 ans de Rebecca, le personnage principal. On la suit depuis le tome 1 et ses « six ans et bientôt et demi ». Elle avance donc doucement dans la vie, et chaque tome nous raconte des événements importants. Par le choix de ce rythme, les auteurs nous plongent dans la temporalité propre à l'enfance, le temps semble infini. Et ils y parviennent particulièrement bien. A propos de rythme encore, on tient entre les mains un 44 planches qui en paraît bien plus, tant l'histoire est touffue, riche en rebondissements et en diversité dans le rythme, justement.


Comme dans les tomes précédents nous suivons non seulement l'histoire de Rebecca et Ernest son microbe, mais aussi celle de sa grande soeur Coralie, ado. La juxtaposition des ces deux histoires est fort bien rendue et d'une grande richesse. On plonge dans la vision de la vie d'une petite de 7 ans et d'une ado dans les affres d'un premier amour déçu et ici dans la découverte que les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être (sans en dire plus pour ne rien dévoiler).


Dans son scénario, Guillaume Bianco nous offre des personnages loin de tout manichéisme. Ils sont tous capables du bon comme du mauvais et sont par conséquent d'une grande profondeur. Je pense en particulier au personnage de Melle Bello et à Clarisse, l'amie de Coralie. Mais cela est vrai pour tous. Guillaume évite aussi les dénouements faciles, les explications simples. Tout, dans cette histoire, est crédible et possible. Cela raconté par les yeux de l'enfance et de l'adolescence. Il s'agit de véritable magie. Nous aurons attendu deux ans pour savoir comment M. Rébaud sera sauvé, et je ne suis pas déçu. Au contraire.


Cette histoire possède plusieurs degrés de lecture et tous s'y retrouvent, aussi bien les enfants à partir de 3 ans que les grands de 10 ans, les ados et les adultes. Pour moi, ce tome est clairement placé sous le signe de la liberté et de la rébellion. Que ce soit la petite qui se révolte contre une institutrice sorcière ou l'ado qui découvre la clope et suffoque sous le toit familial. Sous le signe de l'amitié aussi. Toutes valeurs visiblement chères au coeur du scénariste, vu comment il nous les décline (et tellement bien!) tout au long de ses albums. J'ai particulièrement aimé la fin, surprenante et riche en émotions.


Le tout servi par un dessin d'une poésie et d'une fraîcheur époustouflantes. Si je ne m'abuse, Antonello Dalena est passé par les studios Disney. Il en a gardé le meilleur, et transcende son passage là-bas par un dessin touchant, juste, émotionnel et empreint d'une grande beauté ainsi que d'une magie certaine. J'ai un peu plus de mal avec sa manière de dessiner les expressions (en faisant disparaître le nez, par exemple) mais je m'y habitue et me découvre finalement beaucoup de plaisir à lire sur le visage des personnages des expressions aussi marquées. Ma fille de six ans et moi pouvons passer de longs moments à regarder certaines planches, comme celles se déroulant dans le parc. La manière dont cet homme dessine la nature me fait autant de bien et me procure autant de plaisir que les dessins de Frank Pé, et ce n'est pas peu dire !


Je ne peux pas parler des dessins sans évoquer leur mise en couleur... Je ne lui trouve d'équivalence que dans la BD « De cape et de crocs ». Et je ne sais pas vraiment comment en parler mieux. Cecilia Giumento réalise un travail qui non seulement se met au service de la qualité de l'histoire et du dessin, mais aussi les rehausse pleinement.


Au total, un vrai bonheur. Je l'ai déjà lue et relue, la relirai encore et c'est avec impatience que j'attendrai la suite...

Jankri
10
Écrit par

Créée

le 23 sept. 2016

Critique lue 569 fois

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