La Main Rouge
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La Main Rouge

BD franco-belge de Didier Daeninckx et Mako (2013)

Didier Daenincks, principalement connu pour ses romans, a aussi de nombreuses bandes dessinées à son actif, en tant que scénariste. Associé ici à Mako, il porte à nouveau son regard sur la guerre d’Algérie, après une bd de 2011 sur le 17 octobre 1961 – que je n’ai pas encore lue – et surtout son roman Meurtres pour mémoire que je ne peux que vous conseiller (bien plus que cet album même si celui-ci met en avant une organisation et des faits encore peu connus).

La Main rouge est une bande dessinée assez plaisante, quoique le récit soit assez banal. L’histoire racontée est somme toute anecdotique, et pas très originale : le récit d’un gars qui, cinquante ans après les faits, part à la recherche des assassins de ses parents et de sa sœur, pendant la guerre d’Algérie, le père ayant été éliminé pour avoir milité clandestinement en Belgique en faveur du FLN. A la deuxième lecture, le scenario se fait plus précis, et on voit mieux la patte de l’écrivain.

Mais l’intérêt principal de l’album est le sujet, la fameuse Main rouge, et notamment la postface de Pascal Blanchard, spécialiste d’histoire coloniale. On y apprend que les services secrets français, soutenus par le pouvoir politique, et notamment Guy Mollet et François Mitterrand, ont réactivé en 1956 la Main rouge, un groupe d’activistes fondé par des colons en Algérie au début des années 1950, afin de masquer leurs actions secrètes, difficilement avouables : exécutions sommaires ou enlèvements de personnes travaillant en Europe pour le FLN, détournements d’avions, destructions de cargos, désinformation, etc.

Didier Daenincks poursuit donc ici son travail sur le passé récent de la France, et surtout sur ses aspects peu glorieux encore tus. Ici, il utilise la bd, prolongée par une postface passionnante rédigée par un spécialiste, pour continuer son travail d’exhumation, de mise au grand jour de phénomènes occultés et de pages sombres de notre histoire. Un travail salutaire. Modeste dans la forme mais indispensable pour regarder notre passé en face.
socrate
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le 23 oct. 2014

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socrate

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