Le Sire de Montrésor (1957)

Une évasion, deux poursuites, une chasse à l’homme, une bagarre, une révolte, une trahison, une fuite et une usurpation d’identité : voilà ce que l’on trouve dans les 17 premières pages du Sire de Montrésor qui compte parmi les meilleurs albums de bande-dessinée conçus par Peyo. La suite de ces événements constitue une aventure de grande qualité particulièrement bien écrite. Les personnages, pourtant succinctement décrits (seulement 44 planches), sont rapidement cernés car leurs portraits sont parfaitement brossés. L’auteur s’en donne également à cœur joie concernant l’humour, fréquemment présent dans un contexte pourtant assez pesant, voire oppressant (la course nocturne dans les bois). Qu’il s’agisse de Gwendoline, la fiancée dodue, du bègue & du ménestrel ou de Romulus le faucon qui évoque fortement la future mouette rieuse de Gaston Lagaffe, Peyo frappe juste à chaque fois. Et puis le dessin n’est pas encore aussi rondouillard qu’il le sera malheureusement dans les derniers albums (Le Pays maudit, Le Sortilège de Maltrochu) dans lesquels Pirlouit est en fait un schtroumpf non-bleu à échelle humaine. Le clin d’œil que celui-ci fait d'ailleurs au Lutin du Bois aux roches (autre grand album de la série) en hurlant son nom lors de sa fuite est très agréable à retrouver et fait grandement plaisir.
L’Anneau des Castellac reprendra la même thématique que Le Sire de Montrésor avec plus de légèreté et moins de finesse, en mettant Pirlouit définitivement au centre de l’action pour privilégier un humour à la Schtroumpf-musicien un peu décevant. Le huitième tome des aventures de JOHAN & PIRLOUIT est l’avant-dernier grand album de la série avant que celle-ci ne disparaisse au profit des insupportables SCHTROUMPFS désormais omniprésents et dont seuls deux albums (le 2 et le 9) méritent véritablement le détour passés 12 ans (on peut éventuellement lire aussi le 3 et le 6).