Hercule nous dévoile toute sa vie sans omettre aucune part d'ombre et c'est vrai qu'elles sont nombreuses.
Hercule ne connait pas les circonstances de sa naissance et pourtant sa jeunesse est déjà sous des auspices particulièrement rageuses et extraordinaires. Jeune homme, il est plus intéressé par la nature, la vie et non le savoir. Il est déjà extrêmement fort et impétueux.
Avant même de connaître sa généalogie, ici présentée d'ailleurs (superbe bonus en passant), il a déjà tué par susceptibilité. Il raconte dans ses carnets comment se déroulent pas à pas les grands moments de sa vie, les premières conséquences de ses actes guerriers.
Nous découvrons une léonté apparue bien avant le lion de Némé et aussi de nombreux autres exploits ou mésaventures en plus des douze travaux que lui ordonne Eurysthée.
Hercule avoue ses colères, ses rages meurtrières, ses doutes et ses égarements. Il offre aussi ses coquineries, cumulant conquête après conquête, sans même compter les filles de Théspios, et accumulant sa progéniture: Mégare qu'il tue dans un moment de folie mais aussi Parthénope, Iole, Omphale reine de Lydie ou Déjanire.


Dans cette "autobiographie", les exploits et les coups de folie se succèdent mais aussi les rages divines d'Héra et les aides d'autres dieux. Les mains lestes et l'impulsivité d'Hercule donnent plus souvent la mort que la vie, même les êtres chers à son cœur ne sont pas épargnés. En cela cette version, presque adulte, est très détaillée dans les failles humaines (ou divines). Elle offre aussi une vision bien querelleuse et meurtrière mais aussi pleine de souffre. Alors oui bien que certaines situations dramatiques sont bien explicites, les joliesses nocturnes sont elles plus suggérées (sauf celle de ce cher cousin Iolas, tout de même).
Les détails des douze travaux diffèrent montrant bien la difficulté à rapporter une légende orale et traduite tellement de fois: des pommes d'or du jardin des Hespérides sans peau mais à l'écorce au parfum divin d'agrumes, des oiseaux de Stymphale ressemblant grâce à l'illustrateur à de redoutables ptéranodons carnivores.
Le travail de Stéphane MOURRAIN apporte d'ailleurs beaucoup. Des esquisses sur le vif, des dessins plus poussés, des croquis de stratégie, des listes de courses mais aussi (et c'est l'originalité d'un tel livre) des tâches, des ratures et des dessins pouvant très bien être repris pour une statuaire antique ou sur des poteries (mais bien-sûr!).

Vef
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le 19 juin 2016

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