Sang bleu pour peau rouge
En général, quand les bleus retournent à Fort Bow, ça sent mauvais. La raison est que Cauvin joue trop sur la corde de la nostalgie et que cela déforce le récit. Je m'attendais donc au pire surtout avec une couverture qui n'est pas sans rappeler d'anciennes histoires. Je précise que je n'avais pas de souvenirs de cet album.
Et bien ça commence pas trop mal. L'histoire démarre assez vite, les enjeux sont très vite mis au point et la tension est palpable dès les premières pages. Au point qu'on en oublie le titre et la couverture. Si les premières résolutions se révèlent satisfaisantes (les aveux de l'escroc), le reste s'enchaîne beaucoup trop vite et paraît donc un peu trop facile. Quant au mariage de la dite couverture, l'auteur l'y insère de façon inattendue, tel un poil de bite dans la soupe. Si cela a un effet comique, il est regrettable que cette machination prenne autant de pages. Enfin, j'ajouterai que j'avais des craintes par rapport à plume d'argent qui, lors de sa dernière apparition, se permettait de donner des ordres à Cheval Fou ; les choses sont maintenant logiques et ce dernier sert d'intermédiaire et n'est donc pas apte à commander les indiens.
Grahiquement, y a parfois des planches sur lesquelles on sent que Lambil met toute son énergie, et puis d'autres où on le sent fatigué, moins en forme. Souvent, l'auteur se permet de bâcler ses deux héros comme s'il en avait marre de leurs tronches. Reste donc quelques bons décors, des personnages secondaires sympathiques (sauf Miss Appletown toujours mal dessinée) et un découpage qui n'étonne plus de la part du vieux bougre. Enfin, les couleurs fonctionnent. Beaucoup de dégradés, mais la technique est affinée et le studio Leonardo semble plus à l'aise.
Bref, un album qui débute fort mais perd en force au fil ds pages à cause de résolutions un peu rapides.