Martha Jane Cannary : Intégrale par limma

Mathieu Blanchin et Christian Perrissin nous offrent leur biographie de Calamity Jane. De son vrai nom Martha Jane Cannary, ils auront utilisés trois sources précises, en particulier les "Lettres écrites à ma fille" (1879), l'ouvrage illustré de Doris Faber, et la biographie de James McLaird, qui aura passé dix années à son travail de documentation.


Calamity Jane, née en 1852 et morte en 1903, fût l'une des légendes de l’Ouest américain...De tout temps Calamity Jane aura alimenté les fantasmes et sa vie donnera lieu à de multiples romans ou autres films, mettant en valeur la jeune femme séduisante... ou la tueuse sanguinaire ! Rien de cela dans cette aventure. Loin aussi des BD de Blueberry -par exemple- où le beau cow-boy solitaire et les belles femmes de saloon enjolivent le thème western...


Le périple de son enfance avec ses parents, frères et soeurs, à son départ et à ses multiples péripéties, passant de son premier voyage vers l'ouest, au chemin de fer, du voyage des colons vers le nouveau monde, aux territoires indiens, de ses emplois aussi divers que variés en passant par son histoire d'amour avec James Butler Hickok et la naissance de sa fille Janey, en 1873. On croisera également William Steers, sa seconde fille et son dernier compagnon Clinton Burke.
On traversera le Wyoming, le Dakota et le Montana. Les indiens qui refusent à se laisser spolier leurs terres, Sitting-Bull et son peuple Sioux, et le massacre de "Little Big Horn". Buffalo Bill et son cirque ambulant, et Horacio Maguire qui brossera son portrait.


Et c'est bien un portrait de femme avant tout, entre générosité et coups de colères, alcoolisme et esclandres... son caractère bien trempé est ici à sa juste mesure. La BD s'attache à faire de Calamity Jane, un personnage sans caricature, oscillant entre solitude et difficultés de vie.
Pas de grande romance mais un récit plus crédible pour cette femme parmi les hommes. Calamity Jane n'est pas commune, mais ses traits renvoient à une femme banale, pas forcément héroÎque, pointant ses failles et sa fragilité, et qui se veut libre avant tout. Tout comme ces personnages ayant réellement existés, Buffalo Bill, et Will bill Hickock, Calamity Jane a marqué son temps par sa forte personnalité.


La BD reste une fiction, mais le contexte historique, les cartes géographique et politique apportent un côté réaliste pour nous narrer les grands événements de l'époque. L'ensemble est d'ailleurs assez dense entre écriture et décors. Les détails sont fournis. Le "quotidien" de l'Ouest américain sera donc la signature de cette BD, où les beaux cow-boys ont déserté les pages, pour renouveller le mythe.


La question de la place des femmes et la modernité est évoquée par le contraste entre ces femmes de colons, ou de la ville qui subissent, au contraire de notre héroïne qui prend sa vie en main.
L'intégrale des trois volumes pour une vie qui s'arrêtera à Deadwood, ville des prospecteurs d'or...et un aspect plus sombre pointant la misère et l'abandon.


Les textes de Perrissin jouent sur une sorte de voix off, au-dessus des bulles, et appuient l'histoire, Calamity Jane elle-même se raconte au fil des pages. Le dessin de Blanchin accompagne à merveille par ses coups de crayons et technique du lavis, francs et secs, ce monde "révolu" qu'il teinte de couleur sépia. Les dessins changent suivant ce qui se raconte, de classique, avec des dessins plus ronds, voire plus grossiers, privilégiant la simplicité, à plus dense, fins et hachés, privilégiant l'histoire par le texte. Les quelques 360 pages sont donc lues avec aisance, pour un vrai plaisir et un moment d'évasion réussi.


Certains de ses écrits seront contestés du fait de la dimension "romanesque" du personnage. La légende se serait nourrie par les débuts de l'imprimerie et aux "dime novels" accessibles à tous, où, à cette période, les "journalistes" écrivaient sur ces stars de l'Ouest. Calamity Jane aurait elle aussi pris la plume (en distribuant ses "pubs" au grè de ses tournées !) et fantasmée sa vie...
Son surnom serait à l'origine du sauvetage d'un capitaine. Lors d'une bataille avec les indiens, Calamity Jane serait venue à sa rescousse en le hissant sur la croupe de son cheval.


Reste à savoir ce qui est le vrai du faux puisque qu'il est dit que sa fille ne serait pas son enfant, que le père ne serait qu'un lieutenant...Que les lettres à sa fille ne seraient qu'un canular... Que sa relation avec Will bill Hickock serait plutôt de l'ordre de l'amitié...mais que sa "fille" aurait rétabli la vérité de sa naissance par l'acte de mariage de sa mère et de Will bill Hickock.
Mais tout cela est une autre histoire...

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le 30 déc. 2016

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