Il faut arrêter l'opium !
Heureusement, il nous reste les pitreries d'Ernest Laverdure pour planer jusqu'au bout de cet opus. Mais l'atterrissage est douloureux. Le scénario, tout d'abord, est d'une platitude désespérante. C'est une énième mouture du grand classique des BD de pilotes de chasse : un avion est abattu ou capturé en territoire hostile et ses pilotes sont retenus en otage par une organisation paramilitaire. Le second héros monte donc une opération de sauvetage. Vous l'avez déjà lue trois ou quatre fois dans je ne sais plus quel Buck Danny - qui dans un caméo sympathique vient saluer nos héros à bord de son F18 au dessus de l'Afghanistan - plutôt cool !
Le dessin ensuite. Certaines vignettes sont très belles, notamment celles des phases de décollage des Transall dans le désert, avec le sable qui se soulève. Mais toutes ne bénéficient pas du même traitement, et certaines mêmes vous perdent complètement. On ne sait plus s'il s'agit d'explosions, d'effets de post-combustion (pardon pour les non-initiés, mais là, il s'agit d'une BD thématique, impossible de faire l'impasse sur le jargon aéronautique), de condensation ou de bang supersonique.
Et ça n'aide pas à la compréhension globale d'un découpage absolument désastreux, avec des ellipses incompréhensibles. Il faut sans cesse revenir en arrière pour parvenir à saisir le sens et l'enchainement des différentes actions et des divers évènements.
C'est incohérent, indigeste, irréaliste... C'est... à se demander si les auteurs n'ont pas fait un peu trop de repérages sur le terrain, à travers les champs du triangle d'or afghan. Mais bon sang... tout à coup j'ai peur de comprendre !? Houlà ! Il va falloir arrêter l'opium !