L'honneur perdu de l'Armée de l'Air

1918 : L’armée française est au pinacle, sur terre et dans les airs. Les foules adulent Navarre, Guynemer et Fonck et nous possédons la meilleure industrie au monde.
1945 : L’armée de l’Air n’est plus. Le mythe de l’aviation invaincue en 1940 et de ses 1000 victoires a vécu. L’aviation française a brillé par son absence, réduite à quelques accessits en Russie et en Angleterre. Son industrie est dévastée. Tout est à reconstruire.

Qui va s’y coller ? Quatre hommes.
• Marcel Bloch-Dassault pour les avions, des Mystère au Mirage.
• Pierre Clostermann pour les passionnés, fascinés par son panache et sa plume.
• Michel Charlier et Albert Uderzo pour la communication grand public.

Charlier et Uderzo créent Tanguy et Laverdure en 1959 pour le journal Pilote. L’adversaire du jour est belgo-américain, le Buck Danny de Spirou. Tanguy est intrépide et droit. Laverdure accumule gaffes et excentricités pour le plus grand bonheur du lecteur. Les scénarios sont inventifs et Uderzo se révèle aussi convainquant dans le registre réaliste, qu’il l’était dans l’humoristique.

Lors des deux premiers tomes, les deux compères peaufinent leur formation à Meknès. Une mystérieuse puissance étrangère convoite une fusée top secrète. L’histoire laisse la part belle à deux brillants et archétypaux seconds rôles :
• Le moniteur Darnier, dur mais juste, cent fois joué par John Wayne
• L’élève de Saint-Hellier, fragile et orgueilleux, que Montgomery Clift aurait incarné avec brio.

Le grand Dassault apprécia la série, bien qu’il déplorât le peu de soin porté à ses précieux avions par les héros, qui, il est vrai, en écrasaient deux ou trois par épisode. Pour de bonnes causes, certes, mais Dassault aimait d’un amour paternel exclusif ses avions... fussent-ils de papier.