Tigron
Aria rencontre des amazones et affronte un tyran local, Sacristar. L'intrigue n'est guère originale et Michel Weland semble tourner en rond. Heureusement, l'arrivée de Tigron humanise Aria qui peut...
le 3 avr. 2018
La série "Aria" ayant été créée pour paraître de manière hebdomadaire dans le périodique "Tintin", Michel Weyland se trouvait astreint à respecter les codes et règlements édictés dans le domaine des publications pour le jeunesse. Déjà, c'était une belle audace que de fonder une série sur une fille ravissante, avec ce petit nez retroussé si sexy des fantasmes collectifs de l'époque, et vêtue le plus souvent d'une mini-tunique fendue sur une petite culotte exhibée aux regards. Mais enfin, tant que "Tintin" a duré, on se contentait d'aguicher le lecteur adolescent, et les scènes se cantonnaient à une heroic fantasy soft et à une bonhomie New Age où presque tout le monde est gentil et cordial.
"Tintin" disparaît en 1988, et cet album est de 1997. N'ayant plus le support captif des lecteurs de l'hebdomadaire pour assurer le succès de la série, Weyland doit épicer un peu les situations pour capter un lectorat adulte (ou en train de le devenir, pour garder les ados des premiers temps). Et, de fait, la couverture, très colorée, donne le ton : Aria, bariolée d'invraisemblables peintures de guerre (censée imiter celles des "Amazones" dont il est question dans le scénario) est nue ou presque (petite culotte opportunément masquée par le nom de la collection), le sein droit de plein profil de manière à bien mettre en valeur sa pointe, attachée par de gros câbles à des ailes d'ange, et visiblement prête pour une séance sado-maso avec bondage. Ca racole sec.
Bon, évidemment, le scénario est plus convenable : Aria fait la connaissance d' "Amazones", femmes seules jouant les résistantes dans un coin de campagne face à un vilain "Sacristar" qui les persécute. Aria est missionnée pour mettre fin aux agissements de ce vilain bonhomme. Où l'on verra que la morale n'est pas binaire, et où l'on se paie un zeste de psychologie (de bazar, certes, mais déjà de quoi éveiller de jeunes esprits à la complexité des situations et des personnes). On se permettra de trouver totalement invraisemblable cette histoire de ressemblance qui apparaît quand Aria se trouve en présence de Sacristar, et la comédie qu'ils jouent tous les deux pour permettre à Michel Weyland de révéler le fond de l'affaire. D'autant moins vraisemblable que Sacristar, pas dupe de cette ressemblance, en profite pour déballer tous les secrets qu'il s'était promis de ne jamais révéler. Assez foireux sur ce point.
Il n'empêche que notre héroïne est sur le point de se faire violer, et par ailleurs se donne sous la tente à un beau mec, copain d'enfance retrouvé. On n'aurait jamais mis ça dans les pages de "Tintin".
Michel Weyland reste un grand maître des couleurs vives et ragaillardissantes, des maquillages et costumes d'un baroque réjouissant, des intérieurs reconstitués et des luminosités convaincantes.
La féérie garde un rôle modeste, si l'on excepte l'exotisme des décors : une histoire de talisman qui porte bonheur ou malheur, une chauve-souris-vampire de belle taille, des forces du Mal musclées (mais en ce moment, nous avons tout ce qu'il faut à domicile sur ce chapitre, merci).
Créée
le 17 nov. 2015
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