Dans le premier tome de cette série DC Signatures : Ed Brabaker présente Catwoman, l’auteur nous avait montré le retour d’une Catwoman qu’on avait présumé morte, avec un nouvel objectif : rendre l’East End, un lieu où il fait bon vivre. Dans le deuxième volume, elle s’attaquait, avec son amie Holly à un trafic de drogues, des flics ripoux, et où l’on découvrait l’identité du premier grand méchant du run de Brubaker : Black Mask. Dans ce troisième volume (« Sans répit »), nous allons assister à la vengeance de Black Mask et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela va être très douloureux pour notre héroïne…

Selina Kyle pensait maîtriser sa vie et le quartier chaud de l’East End de Gotham. Devenue un Robin des Bois au féminin, elle reverse une partie de ses gains illégalement gagnés à la communauté. Mais Black Mask, une de ses victimes, va devenir le chasseur et mener une vendetta sans merci contre la Féline. (contient Catwoman #12-19, Secret Files #1)

Ouah, ouah, ouah ! Ce troisième volet des aventures de la sexy Catwoman par Monsieur Brubaker est une petite merveille. Sans conteste, pour moi, le meilleur des trois volumes déjà parus. J’ai vraiment passé un excellent moment de lecture, en passant par à peu près tous les sentiments qu’il est possible de ressentir à la lecture d’un comics.

Tout va pour le mieux pour Selina, elle a su donner un but à sa vie et à celle de son alias, des amis autour d’elle, le retour de sa sœur, un projet social pour les plus démunis de l’East End qui lui tient très à cœur, et le début d’un semblant de début de relation, ou du moins ce qui ressemble le plus, avec le charismatique Slam Bradley aux tempes grisonnantes à la What Else. Mais malheureusement pour elle, ce qui se prépare à son insu est une véritable descente aux enfers. Et cela est bête et méchant à dire, mais on n’a jamais autant aimé, du moins c’est mon cas, nos héros que lorsqu’ils sont en difficulté. On aime les voir trébucher, les voir sombrer, cela rend ces héros un peu moins super, un peu plus comme nous.

Black Mask va donc se venger et le moins que l’on puisse dire c’est que le vilain va y mettre les formes en s’attaquant à tout ce qui rendu Selina heureuse ces derniers temps. Le centre pour les démunis qu’elle a ouvert avec l’aide de Bruce Wayne, sa sœur qu’elle vient de retrouver ainsi qu’à Holly. Black Mask ne va reculer devant rien, il n’aura aucune limite. On s’en rend d’ailleurs très vite compte lors des quelques scènes de torture que l’on trouve dans ce tome. Et même si la plupart du temps cela nous est suggéré, ce sont malgré tout des scènes assez violentes, très violentes même, attention donc aux âmes sensibles. Black Mask prend un malin plaisir, et un pied incroyable, à détruire petit à petit tous les espoirs, les rêves et les actes de Catwoman. La ramenant de façon violente à la dure réalité de Gotham City.

Si la première partie de ce tome, (épisodes 12 à 16) est centré sur la chute de Selina, la deuxième partie (épisodes 17 à 19) se centre sur les répercussions des évènements survenus avant. Et c’est là que l’on se dit, que même si les scènes de tortures étaient assez « trash », elles n’étaient pas là justes pour apporter une touche de gore au scénario, ce qui est de toute façon loin des intentions de Brubaker, mais bien pour montrer les conséquences de tant de violence sur les personnages. On comprend vite qu’aucun protagoniste de cette saga ne sortira indemne à court, moyen et long terme. Cette partie est poignante, on assiste, sans ne pouvoir rien faire, à la lutte de nos personnages pour ne pas complètement sombrer de façon définitive.

Et là, nous avons un des gros points forts de ce tome : le travail de génie de Bru sur la psyché de nos personnages !! Que ce soit le sentiment amoureux naissant chez Slam Bradley, l’extrême vulnérabilité et la culpabilité chez Selina, les répercussions de son acte chez Holly, la folie chez la sœur de Selina. La narration de Brubaker fonctionne à merveille, on arrive presque à se mettre à la place des personnages. On comprend la gêne entre Selina et Holly, on ressent la même horreur que Selina lorsque qu’elle comprend ce qui c’est passé entre Maggie et son mari. Ajoutez cela à l’ambiance polar noir et bien sombre qu’affectionne particulièrement Ed Brubaker, et qu’il sait si bien mettre en place et ce encore davantage dans ce volume, et vous vous retrouvez avec une atmosphère vivante, oppressante, terriblement harponnante.

Au niveau du dessin, je vais en faire hurler beaucoup, mais j’apprécie davantage le coup de crayon de Cameron Stewart (épisodes 12 à 17) que ceux de Cooke sur les précédents tomes. J’entends déjà les « Oh ! Scandale ! » Et pourtant je trouve son style, collant tout autant bien à cet univers de polar sombre que Darwyn Cooke de par leurs nombreuses cases pour donner beaucoup de rythme, plus expressif, plus intense, plus sensuel. Après, ce n’est qu’un avis personnel. Mais j’ai vraiment trouvé Stewart très en forme sur ce tome, avec vraiment beaucoup de très, très belles cases et je suis fan de son travail sur les visages de ses personnages, il leur fait littéralement transpirer leurs émotions, on devine d’un simple coup d’œil ce que ressens le personnage dès qu’il apparaît sur une case.
La deuxième partie, œuvre de Javier Pulido, est par contre beaucoup, beaucoup moins belle, si tant est que l’on puisse utiliser le mot « belle » en parlant de ces deux chapitres… C’est vraiment trop abstrait, trop brouillon, trop flou pour moi. Heureusement, l’histoire, à ce moment là, est tellement prenante qu’il est vrai que les dessins passent en second plan. Mais cela est dommage d’une telle dénotation entre les deux parties…

Bref, ce tome est une petite merveille du genre. Brubaker nous signe une saga magistrale où l’on passe par plein d’émotions : joie, tristesse, horreur, frayeur, surprise… Tout cela dans une ambiance polar bien noir. On assiste à la chute dans les règles de Selina, avec un regard de satisfaction coupable. Il est tellement bon de voir nos héros en difficulté, les voir essayer de se battre face à des problèmes humains, la peur, la famille, les actions sociales, et voir que tout leur échappe. Les dessins de Stewart sont juste somptueux et rendent hommage à l’ambiance, à l’univers qu’instaure Bru sur le titre. Foncez dessus !
Romain_Bouvet
8
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le 18 déc. 2013

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Romain Bouvet

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