Nous rencontrons des problèmes techniques sur la partie musique du site. Nous faisons de notre possible pour corriger le souci au plus vite.

Saveur Coco
7.4
Saveur Coco

BD franco-belge de Renaud Dillies (2013)

Pour les adeptes de quête d'assoiffés...

Les albums écrits par Renaud Dillies ont la capacité de me bouleverser. La lecture de Abélard ou Betty Blues ne m’ont pas laissé indemne. Il s’agit d’histoires très intenses émotionnellement. J’étais donc enchanté de voir apparaître dans les libraires son dernier opus sorti le cinq septembre dernier. Il s’intitule Saveur Coco. Comme toujours, il s’agit d’un très bel objet de quatre-vingts pages. La couverture est très réussie. Elle présente un oiseau et un renard en train de marcher dans le désert. Le seul lien avec le titre semble être la noix de coco que tient dans ses mains l’un des personnages. L’ouvrage est accompagné d’une étiquette indiquant que ce bouquin est « plus poétique que Le Petit Prince ». Ce n’est pas rien même si je ne suis pas un grand fan de l’œuvre de Saint-Exupéry.

La quatrième de couverture nous présente un simple dialogue : « Jiri, j’ai soif ! – J’ai soif aussi mon bon Polka… J’ai soif aussi ! ». Il est court mais résume assez bien les enjeux de la trame. Jiki est une cigogne et Polka un renard. Ils se trouvent au milieu d’un désert et meurt de soif et décide de partir vers l’inconnu en quête de boisson. L’album nous conte les différentes pérégrinations qui vont agrémenter leur longue marche.

L’histoire est simple. Le road movie est une thématique qu’utilise souvent l’auteur. Abélard et Betty Blues utilisent également ce mécanisme scénaristique. Renaud Dillies a démontré dans ses albums précédents sa capacité à insérer des rencontres fortes tout au long du parcours de ses héros. C’est moins le cas dans Saveur Coco. Le ton parfois absurde de la narration fait que les protagonistes qui croisent le chemin des deux amis se contentent finalement de marquer des étapes dans leur quête plus que d’offrir des moments intenses qui relancent la curiosité du lecteur. Le côté trop rectiligne de la trame fait que chaque nouveau personnage m’est quasiment indifférent dans la seconde moitié de la lecture tant je n’espère plus un changement de braquet de la narration.

Le duo de héros nous est rapidement présenté. Ils m’ont été rapidement sympathiques. J’étais curieux de savoir ce qui allait advenir de leur quête. Le fait que les dénouements de l’auteur ne soient pas toujours prévisibles attise d’autant plus ma curiosité. L’évolution de Jiki et Polka est décevante. En effet, ils sont à la dernière page comme ils étaient à la première. Ils n’ont pas du tout évolué. C’est d’ailleurs curieux car leur quête se prête à des changements d’humeur. Leur désespoir semble le même au début et à la fin. Les faux espoirs qui parsèment leur route n’ont finalement aucun effet réel sur eux. C’est curieux et dommage.

Les personnages n’évoluent pas… l’histoire non plus ! Je suis vraiment surpris par le fait que l’intrigue ne possède finalement ni réel début ni réelle fin. La trame peut quasiment se lire comme une succession de chapitres indépendants mettant en jeu deux assoiffés au milieu du désert. Chaque événement semble n’être relié ni à celui qui le précède ni à celui qui le suit. Le côté absurde de certaines rencontres pourrait générer de la poésie si l’ensemble avait possédé davantage de liant. Le côté décousu sans direction m’a empêché de m’immerger dans l’univers de Dillies. Je suis le premier à le regretter.

Le principal atout de Saveur coco reste les illustrations. Le style de Renaud Dillies est très reconnaissable et c’est toujours avec plaisir que je le retrouve. Il a un talent énorme pour créer des personnages et des lieux à la profondeur certaine. Son travail sur les couleurs est également brillant. Il fait partie des auteurs qui possèdent une identité graphique forte. C’est agréable et cela compense en partie les faiblesses évoquées précédemment.

Pour conclure, Saveur coco est la première déception née de la plume de Renaud Dillies. Cet ouvrage diffère des précédents et je ne suis pas arrivé à entrer dans son univers particulier et absurde. Je ne doute pas que certains y trouveront leur compte comme le sous-entendent bon nombre de critiques élogieuses lues sur les blogs ou dans les revues spécialisées. Néanmoins, cela ne m’empêchera de guetter avec attention et appétit le prochain opus de cet auteur à la personnalité artistique si forte et originale…
Eric17
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Bandes dessinées 2013

Créée

le 28 déc. 2013

Critique lue 317 fois

4 j'aime

2 commentaires

Eric17

Écrit par

Critique lue 317 fois

4
2

D'autres avis sur Saveur Coco

Saveur Coco
Eric17
5

Pour les adeptes de quête d'assoiffés...

Les albums écrits par Renaud Dillies ont la capacité de me bouleverser. La lecture de Abélard ou Betty Blues ne m’ont pas laissé indemne. Il s’agit d’histoires très intenses émotionnellement. J’étais...

le 28 déc. 2013

4 j'aime

2

Saveur Coco
jerome60
8

Critique de Saveur Coco par jerome60

Jiri et Polka sont dans le désert. Un désert où la pluie semble ne jamais s'inviter. Un désert où la chaleur vous écrase du matin au soir. Chez Jiri et Polka, il y a bien une dépression en train de...

le 18 sept. 2013

4 j'aime

1

Saveur Coco
lemache
10

dessine moi une boisson...

Subtil mélange d'humour et de poésie, ce petit chef d'œuvre d'inventivité se savoure à l'infini et nous comble de saveurs et de bonheur....

le 10 avr. 2015

2 j'aime

1

Du même critique

Astérix chez les Pictes - Astérix, tome 35
Eric17
5

Pour les adeptes de fin de traversée du désert...

Cette année marquera une date importante de la bande dessinée française. C’est en effet la première fois que les aventures des deux plus célèbres gaulois ne sont nés ni de la plume de René Goscinny...

le 11 nov. 2013

33 j'aime

11

Succession
Eric17
8

Pour les adeptes de dysfonctionnement familial...

Succession est une série que j’ai découverte à travers la lecture d’un article qui lui était consacré dans la revue Première. La critique qui en était faite était plutôt élogieuse. Les thématiques...

le 13 août 2018

23 j'aime

5

Django Unchained
Eric17
8

Critique de Django Unchained par Eric17

De manière incontestable, « Django unchained » est l’événement cinématographique de ce début d’année. Chaque nouvelle réalisation de Quentin Tarantino ne laisse pas indifférent l’univers du septième...

le 3 avr. 2013

23 j'aime

1