Have you ever cut someone, so they was bleedin', so they was dying ? I bet you have, haven't you ?

Les fans de Silent Hill sont généralement assez hargneux quand on touche à leur série. Que ce soit avec un nouveau jeu, ou quand on adapte la série en film, ou encore en comics... Bien sûr, certains sont plus permissifs que d'autres, mais il y en a qui vont vous faire une étude poussée de l'architecture de la ville dans Downpour pour mieux vous dire que c'est tout pourri car ça ressemble plus à une architecture tchèque qu'à une architecture américaine comme ça devrait être le cas. Par exemple. Sans aller aussi loin dans les extrêmes, c'est vrai qu'on est globalement assez chiants, même si on peut faire preuve de tolérance si on sent une forme de compréhension du mythe Silent Hill.

Bref, tout ça pour dire que quand quelqu'un adapte Silent Hill, et que ce n'est pas dans un but purement commercial (comme dans le cas de cette terrible immondice de Silent Hill 3D Revelation, crève film de merde, crève !! Je ne veux plus entendre parler de toi, tu n'as jamais existé !)... et bien il a intérêt à bien faire les choses sinon il risque de se prendre des réactions dans le genre de cette parenthèse.

Les premiers comics Silent Hill étaient parait-il assez ratés, car les auteurs n'avaient en rien capté l'essence de la ville (d'après ce que j'ai pu lire, moi j'en sais rien). En revanche, les deux comics écrits par Tom Waltz ont bonne réputation. Ces deux scénarios lui ont valu d'être repéré pour écrire Silent Hill Downpour ! Le scénario de ce jeu, sans être inoubliable, était d'ailleurs plutôt de qualité, bien narré, avec de bonnes utilisations de symboles pour garder le mystère.

Du coup, quand #VGM m'a offert Past Life, le second comics écrit par Waltz, j'étais plutôt curieux et impatient de découvrir la bête ! (sans en attendre monts et merveilles).

Premier constat, le dessin et surtout la mise en couleur sont très particulières. A ce niveau, c'est Menton3 qui est aux commandes, un artiste visiblement réputé dans son domaine. Ce qui est sûr, c'est qu'il offre à ce comics une véritable identité visuelle !
Il joue beaucoup sur les dégradés, sur les estompages, mais surtout il va beaucoup s'amuser avec des couleurs étranges. Dans certains de ses fonds, il va utiliser des couleurs inattendus, et très souvent celles-ci seront délavées. Par exemple, on va avoir un espèce de vert-blanc un peu sale en fond. Parfois même, ce ne seront pas les fonds qui seront "attaqués", mais les personnages au premier blanc. Au lieu d'être coloriés normalement, il va les laisser blancs en y ajoutant des touches de bleus, de mauves, de jaune... et dans une planche précise il ne laissera par exemple que la silhouette tout en blanc (sans rien dessiner en détails sur le perso, il n'y a vraiment que le contour, l'intérieur est tout blanc!!).
Bref, Monsieur l'artiste se tape des délires.
Exemple soft de quand c'est efficace pour moi : http://www.relyonhorror.com/wp-content/uploads/2011/06/shpastlifeart03.jpg
Exemple de quand ça m'attaque les yeux (ne lisez pas les dialogues) : http://thecomixverse.com/wp-content/uploads/2010/12/SILENTHILL_PASTLIFE_02_preview008.jpg

Ma première réaction face à ces planches plus qu'étranges est de les trouver vraiment, vraiment dégueulasses. Mais elles le sont. Et sans aucun doute cela est voulu. Alors en un sens, ça gâche la lecture, mais dans un autre sens cela renforce vraiment le malaise Silent Hillien, où rien n'est jamais vraiment normal, où l'on ne sait pas où commence le réel et où s'arrête l'imaginaire. Ces planches, quand elles gênent un peu la lecture, renforcent vraiment l'étrangeté de la ville. On n'est pas face à quelque chose de banal, on n'est pas en train de lire un comics normal, le fait d'être confronté au malaise d'avoir une colorisation ne respectant aucun code nous plonge au final un peu plus dans la ville.
En cela, je trouve ces idées de colorisations vraiment pertinentes. Par contre, hein, des fois c'est vraiment moche.

Et c'est d'autant plus renforcé car quand Menton3 part dans des couleurs plus sombres, quand ils ne les délavent pas, ça donne des planches vraiment sublimes. http://thecomixverse.com/wp-content/uploads/2010/12/SILENTHILL_PASTLIFE_02_preview004.jpg
Bon, sublime est peut-être un peu fort comme terme, mais en tout cas l'ambiance sombre de la ville est vraiment là. Certaines planches sont pesantes, ont un beau rouge en fond, et dégagent vraiment quelque chose.

Finalement, ce que je reprocherais à Menton3 c'est que les expressions faciales sont parfois à la ramasse et ne transmettent rien, c'est vraiment dommage.

L'histoire de Tom Waltz est également très intéressante car déroutante. Pour ce comics, il a fait le choix de raconter une histoire se déroulant en 1867, soit un siècle avant les événements avec Alessa Gillepsie qui condamneront la ville. Un choix qui est vraiment particulier... Comment raconter une histoire de Silent Hill alors que celle-ci n'est pas encore celle que nous connaissons ?
A ce petit jeu je ne suis pas spécialement convaincu. Pour justifier les événements surnaturels, Waltz va partir dans des délires d'incantations de vieux rituels d'Indiens d'Amériques qui vivaient jadis sur ces terres. Je vous rassure, je ne spoile rien, on voit très vite apparaître le personnage de l'Indienne. Tout cela est étrange et finalement que très peu expliqué. En soi, c'est loin d'être incohérent dans l'univers de Silent Hill puisque tout y est fait de vieilles légendes, de rites, de Dieux flippants et autres... mais ici, je ne sais pas, je n'ai pas été convaincu. Je suis resté un peu dubitatif tout le long sur ces délires. Oui okay... mais non, je ne suis pas fan.
L'histoire du personnage principal, Jebediah Foster, est intéressante en tout cas même si elle ne m'a pas surpris dans la mesure où elle reste dans les thèmes abordés par la série. En tout cas, c'est raconté avec violence, et c'était plutôt bien fait. Le scénario laisse de nombreuses questions en suspend, on ne comprend pas tout, on veut en savoir plus... un peu comme quand on finissait les premiers jeux (et qu'on n'avait pas la fin la plus explicative - je me souviens n'avoir RIEN pigé à Silent Hill 1 à l'époque, et que c'est le 3 qui a su m'expliquer son scénario). Je trouve ça assez réussi, car tous les éléments sont bien présents, à nous de compléter les pièces manquantes du puzzle avec notre imagination.

Ce que je reproche à cette histoire c'est de manquer de suspense, de ne pas faire peur parce qu'il n'y a pas de monstres (normal, la ville n'est pas maudite), pas de réels dangers, et que du coup la BD n'effraie jamais... alors que c'est Silent Hill quand même ! Ce qu'elle fait par contre, c'est verser dans la psychologie humaine, même si pas très profondément, on se sent bien dans la tête d'un mec qui perd la tête. En ça c'est réussi, et la fin est plutôt correcte.

Bref, Past Life est un comics a réserver aux fans de la saga, qui sont curieux de savoir ce qui a été fait autours des jeux. L'histoire est assez classique par rapport à son héros, tout en ne l'étant pas du tout pour ses différents délires et son contexte. Voir devant nous la Silent Hill du XIXème siècle, ça a de la gueule ! Cependant, on aurait bien préféré je pense un comics nous parlant plus de la ville, des événements (notamment ceux cités dans les jeux, comme l'âge d'or de la Prison, etc...), et de bâtir une histoire autour de ça. J'ai plutôt eu l'impression que Waltz a créé un personnage Silent Hillien et qu'il l'a placé dans la ville de l'époque... Alors qu'il aurait fallu créer la ville de l'époque et y placer un personnage, ce qui n'est pas tout à fait pareil.
En l'état, ça reste un comics qui se lit avec une certaine sympathie, malgré les délires graphiques de Menton3. Un charme opère toutefois, et on sent que le duo a saisit un truc de la ville et a réussi à l'implanter. Cependant, et c'est ce que je reproche un peu à Downpour (je vous avais dit qu'on était chiants), ce qui est saisit est peut-être le plus simple à saisir dans cet univers. On est loin de ce que Sam Barlow a saisi en écrivant Shattered Memories.

Mais arrêtons de faire la fine bouche, c'est déjà très sympa, et c'est toujours agréable de découvrir des oeuvres faites par des gens qui comprennent la série.


PS : Oui je sais, "they was" dans le titre c'est bizarre. Ca m'interpelle aussi. Mais c'est écrit comme ça dans le texte. Peut-être est-ce de l'US des années 1800 ? Don't know.

PS2 : Ah oui, mon comics est "Printed in Korea". Et bah putain. Toutes les pages se cassent la gueule. Merci la Corée.
GagReathle
6
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le 5 avr. 2014

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