Un beau jour d'été , le lycéen Kei Nagai disparaît aux yeux de tous. Il n'est alors plus humain, il devient un Ajin. Adieu l'humain, bonjour le monstre terrifiant, le croque mitaine, la menace mondiale, l'être immortel.
Un beau jour d'été, Kei Nagai a disparu de la surface de la terre.
Commence alors une lutte sans merci pour le retrouver, autant médiatique que politique. Au cours de cette poursuite il rencontre un autre Ajin nommé Sato. De près, il ressemble à un vieil homme aux yeux rieurs avec un béret, un homme tout ce qu'il y a de plus gentil et ordinaire. Mais pourtant, cet homme va devenir son plus grand ennemi, car derrière sa façade d'homme simple se cache un véritable tacticien, un guerrier rompu à toutes formes de combats, une véritable menace inarétable !
Durant 17 volumes, on suit donc l'affrontement entre Nagai et Sato, et autant dire que c'est l'un des plus impressionnants que j'ai pu voir. Car au delà d'un affrontement physique et politique, voué à transformer la vision des Ajin dans la société moderne, c'est un véritable affrontement psychologique qui se joue en permanence dans chaque volume. Nagai se retrouve ici acculé à maintes reprises, perdant pied de nombreuses fois sans savoir comment déjouer les plans de son nemesis.
Comme disait Alfred Hitchcock "Meilleur est le méchant, meilleur est le film." Ajin maîtrise à la perfection ce concept d'antagoniste en nous offrant un personnage qu'on ne va pas simplement détester, mais qu'on va adorer détester.
Motivé par une simple envie de jeu, d'amusement enfantin, Sato détruit tout ce qu'il touche, maîtrise les capacités de régénération du Ajin avec un taux d'adaptation délirant. Et c'est justement cette course permanente contre la montre qui rend la lecture de ce manga haletante, nous empêchant presque de respirer. Les personnages qui rythment le show sont très bien caractérisés et offrent de nombreuses séquences mémorables en terme de ligne de dialogue comme d'affrontements épiques. Les réflexions apposées par le nouveau statut de Nagai sont somme toute intéressantes et questionnent à la fois la peur de l'autre comme ce que l'immortalité offre réellement à un humain.
Le trait du dessin évolue très rapidement pour trouver son style et son rythme de croisière et possèdent ses particularités bien à lui. Que ce soit cette façon singulière de dessiner le mouvement, en ne mettant que peu d'effets de vitesse sur les objets/personnage ce qui accentue l'effet d'inertie et dévoile des scènes à l'allure irréelle. Le niveau de détail des environnements urbains, des véhicules mais aussi des tenues d'interventions des unités fait émaner une sensation de toute puissance qui se retrouve trop peu dans ce genre d'œuvre, d'ordinaire.
En effet, les soldats sont souvent de simples chair à canon, souvent mis en scène sans grande prétentions et ne servant qu'à se faire détruire pour accentuer la puissance des protagonistes en action. Comme si le fantastique et les unités militaires n'étaient pas faite pour s'entendre...
Et pourtant, Ajin met le projecteur sur ces figures de l'ombre et leur offre de véritables moments de gloire, où chaque seconde est rythmé par les coup de feu et les bruits de bottes.
Jamais donc un manga ne m'aura offert un antagoniste aussi impressionnant et une lecture aussi nerveuse et passionnée, au point où j'en aurai presque pu mourir d'asphyxie.