Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains... Toute ? Non ! Un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur. Et la vie n'est pas facile pour les garnisons de légionnaires romains des camps retranchés de Babaorum, Laudanum et Petibonum...




Cette potion à sûrement quelque chose de magique !



« En 50 avant J-C, nos ancêtres les Gaulois avaient été vaincus par les Romains après une longue lutte... Des chefs tels que Vercingétorix doivent déposer leurs armes aux pieds de César... La paix s'est installée, troublée par quelques attaques de Germains, vite repoussées... Toute la Gaule est occupée... Toute ?... Non ! Car une région résiste victorieusement aux envahisseurs. Une petite région entourée de camps retranchés romains... ».
29 octobre 1959, Pilote n°1 (à 38) : les premiers mots de la planche originale d' « Astérix le Gaulois », qui deux ans plus tard, soit en octobre 1961, sera publié aux éditions Dargaud, en tant que premier album de la bande dessinée. Véritable événement incontournable de la BD, fort des 400 millions d'exemplaires écoulés dans le monde (au moment où j'écris cette critique) pour 39 albums parus à ce jour. Une franchise si lucrative qu'elle a (pour le moment) eu droit à pas moins de 15 adaptations sur grand écran, comprenant huit longs-métrages animés :
Astérix le Gaulois (1967), Astérix et Cléopâtre (1968), Les Douze Travaux d'Astérix (1976), Astérix et la Surprise de César (1985), Astérix chez les Bretons (1986), Astérix et le Coup du menhir (1989), Astérix et les Indiens (1994), et Astérix et les Vikings (2006).
Deux longs-métrages d'animation 3D :
Astérix : Le Domaine des dieux (2014) et Astérix : Le Secret de la potion magique (2018).
Et cinq adaptations cinématographiques : Astérix et Obélix contre César (1999), Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (2002), Astérix aux Jeux olympiques (2008), Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté (2012), Astérix et Obélix : L'Empire du Milieu (sortie prévue en 2023).
Sachant qu'est sortie en 1967 un téléfilm "Deux Romains en Gaule" ; et qu'une série d’animation 3D adaptée de l’album «Le Combat des chefs», réalisée par Alain Chabat, est prochainement prévue sur Netflix. S'ajoute le «Parc Astérix». Officiellement inauguré le jeudi 27 avril 1989, il reste en France le parc d’attraction le plus visité après Disneyland Paris. Viennent se greffer des milliers de produits dérivés et autres goodies. Astérix est une licence ultra lucrative, un empire qui doit initialement son existence au scénariste "René Goscinny" et au dessinateur "Albert Uderzo".


Astérix le Gaulois est une parodie naïve bienveillante de nos ancêtres les Gaulois, aux thématiques universelles de résistance à l'envahisseur et à la standardisation culturelle. Si bien, que notre actuel président de la République française Emmanuel Macron, a déclenché de nombreuses réactions après sa déclaration sur les Français qui seraient des « Gaulois réfractaires au changement ». Maudit romain ! Astérix le Gaulois nous plonge dans une première aventure égayante où l'on va faire la découverte d'un village pas comme les autres. Un périple humoristique aussi bien par la forme que le fond avec des jeux de mots, des citations latines et autres calembours drolatiques, étant une des nombreuses richesses des écritures de Goscinny. Une entrée en scène amusante qui pose les fondations d'un récit qui deviendra titanesque. Une base à encore peaufiner puisque certaines composantes viennent contraster avec des éléments "références", comme le fait qu'ici : les Gaulois ingèrent régulièrement de la potion magique, alors que dans les tomes suivants il est stipulé qu'ils ne sont sensés en prendre que pour se défendre. Une exposition et un développement invariable des personnages avec des caractères qu'il reste encore à définir pour certains. "Obélix" n'est qu'un second couteau de passage, sachant que son fidèle compagnon "Idéfix", n'est pas encore de la partie. Pour autant, ce premier tome reste une comédie enfantine solide dans laquelle on se prend à sourire devant chaque vignettes pour laisser éclater des gros rires face à certaines situations burlesques.




  • Tu aurais pu te raser avant de te présenter devant moi !

  • ?

  • Un bon légionnaire se doit être glabre !

  • !... Peut-être, mais un bon centurion se doit de prêcher l'exemple !

  • ?... Mais... Que... Que nous arrive-t-il ?



Dès les premières cases le ton est donné, le duo "Goscinny-Uderzo", qui partage un humour similaire, propose une bande dessinée qui va mettre à l'honneur la dérision et la légèreté à une époque où l'attrait humoristique en bd volait assez bas. Ainsi, dès la seconde illustration on se prend à découvrir Vercingétorix déposant les armes sur les pieds de César qui pousse un cri de douleur. S'ensuit la découverte de notre petit héros moustachu doté d'un casque ailé : "Astérix". D'emblée on le voit mettre une dérouillée à des romains crédules et victimaires que l'on aime voir se faire maltraiter. Survient le camp fortifié romain, où le centurion "Caius Bonus", va poser les enjeux du récit en échangeant avec ses soldats amochés par Astérix.
« - Ave...
- Par tous les dieux ! Que vous est-il arrivé ? Avez-vous été attaqués par une force supérieure en nombre ?...
- Supérieure en nombre...
- ... On ne peut pas dire !!!
- Ils étaient un...
- ... Et pas bien gros avec ça !
- Par Jupiter ! Il doit y avoir un secret dans la force de ces gaulois ! »

Débute officiellement la conquête de la potion magique ! Un périple tenu par Astérix ainsi que par le Druide "Panoramix". Une bonne manière de découvrir deux Gaulois emblématiques et ô combien important dans la saga. Pour autant, que serait Astérix sans les romains. Les romains qui sont sans aucun doute les personnages les plus drôles de cette épopée abracadabrantesque. Froussard mais ô combien tenace et téméraire, ils font face en usant d'ingéniosité face à la terrible force des Gaulois. Un plan d'infiltration dans lequel le légionnaire "Caligula Minus", va être désigner « volontaire » après une séance inattendue de chaises musicales. Il va se déguiser en Gaulois sous le pseudonyme de "Caliguminix", pour mieux tromper la vigilance des héros et ainsi découvrir la fameuse potion magique. Éclos un stratagème dans lequel Astérix et Panoramix sont enlevés par les romains pour les torturer afin de découvrir la conception du breuvage miraculeux. Sans nul doute le passage le plus cocasse, poilant et transpoil. On éclate de rire avec la potion capillaire qui fait anormalement pousser la barbe et les cheveux des légionnaires. Un grand moment qui laisse place à un Caius Bonus démoralisé et dépassé par les évènements. Caius Bonus qui pour ce premier volume se dresse comme mon personnage favori. Il est accompagné de "Marcus Sacapus" (également très drôle), mais aussi de Tullius Octopus, Gracchus Sextilius, Caius Marchéopus, Claudius Quintilius, Julius Pompilius, le Bourreau... Ensembles, ils forment une belle équipe de bras cassés.


Albert Uderzo en tant que figure incontournable de la bande dessinée, propose une première approche graphique qui se cherche encore avec des traits qui ne sont pas encore gravés dans le menhir. Astérix, Obélix, Panoramix, Assurancetourix, Abraracourcix, Cétautomatix, jusqu'à Jules César, les conceptions manquent encore un peu de régularité et d'affirmation. Malgré tout, le rayonnement caricatural de son esthétisme fait mouche. Sa faculté à rendre la forme des choses offre une exagération irrésistible avec des gros nez, des sourires imposants, des barbes et autres chevelures resplendissantes, ou encore des courbes rebondies sur une disproportion cocasse des corps pour des expressions authentiques. La mise en mouvement est réussie, bien qu'on ne soit pas encore dans les meilleures illustrations et cadrages d'Uderzo. Le dessinateur prendra au fur et à mesure l'expérience suffisante pour nous garantir une élaboration fantastique où se confondent bagarres, courses-poursuites, batailles, et autres péripéties. Un Uderzo pas encore tout à fait au point, qui à défaut d'être remarquable nous régale des trognes des personnages. Petit regret du côté des décors et autres environnements qui sont encore très minimalistes. Le village Gaulois, de même que le camp Romains, paraît bien vide. Un panoramique très limité. Les costumes rendent très bien à l'image. Une conception dans l'art de l'habillement qui concilie très bien le réalisme et le cartoon. La colorisation bien que simple est belle. On a droit à un effort créatif lors de la découverte du chaudron contenant la potion magique. Une élaboration représentée par un petit jeu d'ombres bienvenue survenant par le feu de bois faisant chauffeur le fameux breuvage.



CONCLUSION :



Astérix le Gaulois est une première entrée amusante dans l'univers parodique, naïf et bienveillant du scénariste René Goscinny et du dessinateur Albert Uderzo. Une introduction poilante qui aussi bien dans le fond que la forme mérite encore quelques retouches et améliorations. En ressort une œuvre importante qui pose les bases de ce qui deviendra une franchise incroyable au succès extraordinaire.


L'aventure commence !




  • Tu te moques de moi, Gaulois, mais je dois traiter avec toi !

  • Parlons sans couper les cheveux en quatre !

  • Je ne veux plus qu'on parle de cheveux !!!

  • Puisque c'est comme ça... La barbe !...

  • Hi ! Hi !

  • Non ! Ne pars pas !

  • D'accord mais ne me prends plus à rebrousse-poil !

  • Ha ! Ha ! Ho ! Ho !

  • Tout ceci est échevelé. Parle, nous t'écoutons !

  • Hou ! Hou ! Assez ! Assez ! Hahahohohihi !

  • Je m'avoue vaincu. Donnez-moi du contrepoison et je vous rends la liberté !

  • C'est que, je n'ai pas envie de travailler !

  • Il a un poil dans la main !... Parfois, il a un cheveu sur la langue aussi !


B_Jérémy
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le 18 nov. 2022

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