He is a legend

Snyder a une relation toute particulière avec Batman. Un peu à la manière d'un Frank Miller sur Daredevil qui ne cessait d'y revenir. Après avoir raconté ses origines dans Year Zero, après avoir poussé ses délires de métalleries jusqu'au bout, le voilà qui nous propose la fin du héros, son Old Man Bruce en quelque sorte.

J'ai personnellement beaucoup aimé son run classique sur Batman, la série des News 52. Mais depuis je trouve que les défauts du monsieur prennent le pas sur ses qualités et souvent ses histoires deviennent imbuvables. Ce Last Knight on Earth ne me fera pas changer d'avis. Snyder enchaîne les délires avec ses jouets, s'amuse comme un gosse, pour un comics très creux. Mais au moins respecte-t-il l'ambiance crépusculaire propre à ce type d'histoires, ce qui nous change de ces délires toujours plus grands et plus ridicules sur les events DC.

Bruce, ou plutôt un clone prévu pour prendre la relève à la génération suivante, débarque dans un monde brisé. Un nouveau Batman pour un nouvel âge. Accompagné d'un Joker de compagnie - trouvaille très plaisante que cette tête en lanterne qui rompt la solitude du chevalier noir, d'autant que nos deux nemesis finissent par s'apprécier sincèrement - il parcoure des déserts, des cités futuristes, des abris souterrains où se terrent les survivants. Jamais Batman ne perd espoir, jamais il n'abandonne, sa foi dans un monde meilleur est un phare dans la nuit ténébreuse de ce monde. Il est celui qui ouvre la porte. Il l'a fait par le passé, il le refera à l'avenir.

L'autre point que je tiens à souligner dans cette œuvre est l'intelligence de nous proposer en parallèle du futur post-apocalyptique une enquête au présent. Quand nous avons le fin mot de l'histoire sur cette affaire, je trouve que la réponse est particulièrement satisfaisante et sert le récit.

Lire du Snyder c'est éprouvant. Pas parce qu'il fait compliqué comme des auteurs à la Hickman ou Morrison ont pu nous y habituer, mais plutôt parce qu'il ne s'interdit rien comme délire régressif décérébré. N'importe quel délire de fan de comics, amusant à évoquer mais bien souvent mauvaix à retranscrire, il se lance et la propose le temps d'un épisode. C'est exténuant je trouve de s'enchaîner des délires à répétition, sans qu'un liant ne vienne mettre du sens à l'ensemble. Sur son run Justice League il m'a dégouté. Ici, je trouve que cet aspect de son style est dommage, car il y avait des bonnes choses à côté - et c'est bien ces dernières que je vais retenir et garder à l'esprit. Eprouvant à lire mais laisse de bons souvenirs, comme souvent avec le monsieur.