Une tite perle

Et hop, terminé Bio-Meat Nectar, un excellent manga que certains pourraient considérer comme un gros tas de merde purulent ... et ils n'auraient pas forcément tort malheureusement.

Le gros souci de ce manga est que l'auteur a voulu mélanger un peu trop de choses et exagérer certains traits, ce qui donne des moments ubuesques et/ou ridicules quand c'est lu de travers. Car oui, cette petite perle, il va falloir la prendre de la bonne manière.

Commençons par le début: l'œuvre fait 12 volumes et se compose de trois arcs à peu de choses près équivalents. Nous allons suivre l'histoire d'un groupe d'enfants à travers une période d'approximativement 15 ans (de l'enfance jusqu'à l'age adulte). C'est long, mais il n'est donc pas obligé de tout lire d'une traite.

L'histoire commence avec l'explosion de deux problèmes majeurs pour l'humanité: le traitement des déchets et le manque de nourriture. La terre est surpeuplée et ces deux soucis deviennent un risque pour la survie de l'espèce. Au Japon, des chercheurs vont réussir à modifier génétiquement des vaches et des cochons pour permettre à ces animaux de se nourrir des ordures. D'une pierre deux coups, la "bio-meat" (le nom de cette nouvelle espèce animale donc) résout tous les soucis et tout le monde est content ... sauf que la réalité est évidemment totalement différente.

Les gens ignorent que cette nouvelle espèce n'a rien d'une vache ou d'un cochon et n'est, au mieux, qu'une espèce de tueur insatiable qui peut absolument tout manger à l'exception du verre et du métal ... personne ne se demande donc ce qu'il pourrait se passer si ce monstre des temps modernes était lâché dans la nature, d'autant que personne n'a jamais vu à quoi il ressemble.

Le jour où cela fini par se produire, qui va réussir à s'en sortir ?

Bio-Meat Nectar est donc un manga d'horreur au scénario bidon et bien cliché où tout sera prétexte un massacre innommable ... et un peu plus.

Le mangaka a pondu un gros film d'horreur sur papier et en reprend donc un paquet de ficelles: des persos stupides qui meurent stupidement (tiens, c'est quoi ce truc par terre ? Et si je mettais mes mains dedans pour voir ce que ça fait ?), des moments de bravoure (je me sacrifie pour le groupe, vous devez vivre ! ), des morts à foison et du sang sur les murs.

Mais nonobstant un ton résolument détendu/second degré inhérent au genre, il réussit le tour de force d'instaurer une ambiance certaine en plaçant au premier plan une des peurs primales: se faire dévorer. Donc c'est rigolo, mais quelque part c'est aussi un chouia angoissant.

Hélas, il y'a aussi une satire sociale/une misanthropie évidente ... et c'est là qu'il va falloir lire tout ça correctement.

Mettre un message sur l'espèce humaine qui est conne comme pas permis, oublie de prendre ses responsabilités pour assurer la pérennité de l'espèce et caler un cliché de film d'horreur dans le même plan avec un personnage qui est plus une caricature qu'un véritable dessin (et qui de plus dénote complètement des personnages principaux qui sont très correctement représentés) ... je laisse imaginer le malaise: au premier degré, c'est d'une stupidité confondante voire foutrement contre-productif.

Voilà donc comment je conseille de lire ce manga: en repensant aux vrais jeux vidéos Resident Evil (avant Resident Evil 4 donc). En gros, un survival-horror burné, qui fait rire, qui a une ambiance du tonnerre, qui possède un fond intéressant et qu'il ne faut surtout, absolument pas prendre au sérieux. Jamais !

Personnellement j'ai adoré, certaines emphases sont ridicules même avec la meilleure volonté du monde certes, mais l'ensemble de l'œuvre forme un tout assez extraordinaire et je n'ai pas arrêté de penser en lisant "bordel, ça en film/animé/jeu vidéo ça serait une putin de tuerie !". Je conseille donc très fortement de lire ce petit bijou aux fans d'horreur un peu misanthrope. ^^