Blue
6.7
Blue

Manga de Kiriko Nananan (1997)

Blue, c'est le manga intimiste et introspectif par excellence. Lorsque Kayako rencontre Endô, elle se sent poussée par le désir de la connaître, de devenir amie avec elle. Les deux adolescentes ne vont pas tarder à lier connaissance. Cependant, cette relation ne saura reposer sur une simple sympathie puisque Kayako se voit vite happée par ses sentiments, indéfinissables puisque jusque là inconnus. Elle voue rapidement une fascination pour sa nouvelle camarade. Très vite inséparables, les deux jeunes filles ne vont pas tarder à jouer au jeu des confidences troublantes, et leur relation amicale se muera rapidement en un amour réciproque. Le lecteur suit les tourments de Kayako qui ne cesse d'être interpelée par ce qu'elle ressent, d'autant qu'Endô semble être une adolescente sûre d'elle et mystérieuse.

Kiriko Nananan dresse un roman graphique délicat qui joue subtilement sur l'intensité des premiers instants de grande intimité. Le premier amour, le premier frisson. On y trouve un jeu de mains qui jouent, se cherchent, tâtonnent et finissent par se joindre doucement, du bout des doigts. Avec ces mains, tout semble être dit. Avec ces mains et beaucoup de grâce aussi.

Cette bande-dessinée est pleine d'égarements en filigrane et de douleurs très perceptibles. Kayako ne sait pas bien sur quel pied danser, et ne sait surtout pas si cette danse est faite pour deux, compte tenu du caractère énigmatique de sa compagne. Le rire à la fois radieux et cosmétique d'Endô fait ainsi face aux tourments profonds et muets de Kayako. Là où l'une joue sur le registre des apparences, l'autre ne peut réfréner une certaine authenticité.

Le jeu sur les contrastes de blancs, noirs et gris est assez remarquable, mais là où réside le talent de Kiriko Nananan, c'est également dans le découpage des planches, épurées, subtiles, toujours pleines de grâce. D'une netteté et d'une concision rare, les textes en marge résident parfois en deux lignes reposant sur une demi-page de nacre.
Un manga élégant à n'esquiver sous aucun prétexte.
SuperLibraire
7
Écrit par

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le 18 mars 2012

Critique lue 683 fois

3 j'aime

Anthony Boyer

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