Quatrième tome de Sin City, Cet enfant de salaud est certainement la partie la plus connue suite à son adaptation au cinéma avec Bruce Willis dans le rôle John Hartigan. Après un troisième tome qui m'avait déçu, car il abandonnait toutes les particularités de Sin City, ce quatrième est un retour en grâce.
Je me permet d'expliquer rapidement pourquoi je n'avais pas apprécié tant que ça le troisième tome (Le Grand Carnage), pour plus de précisions hésitez pas à lire ma critique dessus, ici, je ne veux qu'aller vite pour remettre dans le contexte. Sin City c'est trois choses : une ambiance visuelle, un personnage principal et des nœuds temporels. Le Grand Carnage se déroulait directement après le tome 2 et ne jouait donc pas avec la temporalité, son personnage principale (Dwight) se laissait couler dans la suite des évènements sans réellement agir vraiment (au point que Miho était peut être la vraie héroïne) et enfin, visuellement, ce troisième tome n'avait pas essayé de dépasser les deux antécédents (surtout le premier, absolument magnifique).

J'ai aimé Cet Enfant de Salaud car, justement, il va dans la direction inverse. L'histoire commence 8 ans dans le passé, on voit John Hartigan, flic au bord de la retraite, sauvait Nancy Callahan, des mains de Roark Junior, le fils du célèbre sénateur. On est surpris de découvrir ainsi la jeunesse de Nancy, cette beauté qui est présente et imperturbable depuis le début.
Hartigan tue Roark Junior, sauve Nancy mais le sénateur décide de l'envoyer en prison, de l'accuser de tous les crimes commis par son fils et le force à renoncer à se défendre, sans quoi, la petite Nancy mourra. Cet Enfant de Salaud est le combat solitaire d'un vieil homme pour sauver une petite fille.
8 ans ont passé et ont découvre le monde pré-Sin City. Avec des détails dans les cases on découvre que Dwight vient de se faire larguer, que l'agent Mort est encore un bon flic honnête et intégre, que Lucille s'occupe déjà des cas désespéré (elle le faisait déjà il y a 8 ans), que Marv' est déjà cinglé. On découvre la rencontre entre Dwight et Shellie. On voit Agamemnon bavé sur Nancy. On a le Sénateur Roark qui parle de son frère, le très saint cardinal Roark. On aperçoit Kevin, le futur tueur cannibale silencieux. Miller nous fait plaisir en nous offrant toutes sortes de connexions qui ne manquaient que trop dans le tome précédent.

Mais il se fait également plaisir. Renonçant à représenter la pluie, l'errance solitaire de Marv', les combats assassins comme dans le premier tome, Miller trouve une autre astuce pour nous révéler tout son génie : la solitude d'Hartigan. Chaque planche qui évoque cela est magnifique, Hartigan est traité sous toutes les coutures, sous tous les angles, de toutes les manières. Le décors, avec lui, prend des proportions quasi-bibliques et on est aspiré dans la BD grâce à cela.
Nancy jouit aussi d'un soin particulier, son magnifique corps et son visage angélique sont traités de dizaines de façons différentes, les nuances sont nombreuses et son charme transpire au-delà de la BD. Miller a su mettre son art à un nouveau niveau, moins proche de la nature que par le passé, il s'est recentré sur l'intimité de l'humain. C'est beau et ça marque.
On notera aussi la première présence de couleur dans Sin City : le jaune, comme pour souligner plus que jamais l'horreur de ce « yellow bastard ».

Pour ce qui est de l'histoire, c'est diablement efficace. On suit la traque de Hartigan, sa vie en prison, sa libération, ses retrouvailles trop brèves avec Nancy, son combat final. On est touché par le jeu d'écho au passé qui se fait sans cesse. On est impressionné par l'écriture du premier chapitre, particulièrement réussi.
On regrettera la vitesse de l'oeuvre, trop rapide. Ce qui est bien dommage. Mais Dieu, que c'est bon, que c'est galvanisant. Nous sommes dedans.
Et John Hartigan est un héro très différent des autres. C'est le premier flic honnête que l'on voit dans l'histoire. C'est LE héro, noble par excellence et vertueux qui plus est. Ce n'est pas Marv', ce n'est pas Dwight, et ceux-ci, ils les exècrent.

La qualité d'écriture comme la qualité graphique est largement au rendez-vous. Dans le même temps, ce quatrième tome s'inscrit dans une continuité largement réussie qui fait de Cet Enfant de Salaud un des plus beaux tomes de Sin City. On regrette cependant sa rapidité, justifiée mais regrettable quand même ainsi que l'écho du passé qui s'en échappe. Ce tome se déroule au fondation de l'épopée Sin City telle qu'on la connaîtra, elle a presque un aspect de prequel et quelque part, cela aussi amène une pointe de regret.
mavhoc
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le 8 mars 2015

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