Il y a plusieurs épisodes dans ce tome, et la narration s’en trouve plus riche, sans pour autant devenir plus aérée ou plus légère. Au rythme court des comics hebdomadaires d’outre-Atlantique, Cette Vie Derrière Nous glisse de ce que les personnages ont déjà perdu, vers ce qu’ils ont à perdre et ceux à quoi ils peuvent aspirer.



Les enjeux s'entremêlent et tissent une belle ligne de tension.



Avec un tel titre, l’album s’ouvre évidemment sur un flash-back, plutôt bien amené dans la continuité des enjeux laissés en suspens à la fin du tome précédent : un superbe plan pied de Lori, de face dans la nuit, sur la route. L’introduction, parfaitement exécutée, se développe ensuite en gros plans, jusqu’à nous ramener au présent de l’histoire, à l’enterrement de Shane pleine page, Lori de face debout, la croix de la fosse au premier plan.
Sous l’autorité de Rick, ils prennent alors la route.
Ils y rencontrent Tyreese, et c’est l’occasion pour Rick, toujours honnête flic, de se montrer samaritain et d’ancrer un peu plus son caractère bienveillant, quand Lori, elle, se méfie. Et c’est bien d’elle dont il s’agit dans cette première partie, jusqu’à ce qu’on la retrouve, s’éloignant du feu, debout de face dans la nuit. Derrière elle, Rick la rejoint. Elle lui annonce alors sa grossesse. Elle partage son fardeau, calme sa colère, demande un peu d’attention, et Rick endosse une responsabilité supplémentaire : il reste là où elle se tenait, debout de face dans la nuit.
Derrière lui Lori s’éloigne.


La seconde pleine page esquisse, à la vue d’un lotissement d’apparence calme,



une respiration dans le rythme claustrophobe



du groupe en vadrouille. Un espoir nait sur quelques pages, jusqu’au coeur de la nuit : « Ça se réchauffe dehors, la neige fond sur la fenêtre », dit Allen à sa femme, Donna, en s’endormant. Suit une page de six cases verticales : la neige fond à l’entrée de la résidence, et dévoile un lugubre avertissement. Au matin, c’est l’occasion d’explorer les relations intimes des personnages : celles qui se créent dans un lit partagé, et développent l’espoir, tel celui, renaissant, de Donna lors d’une conversation avec Allen, ponctuée d’humour. Un bel aperçu d’humanité et de ce que propose Walking Dead. Un aperçu d’autant plus fort que, quelques pages plus loin, Donna, pleine de cette insouciance niaise de ce nouvel espoir, se laisse croquer, et laisse deux orphelins au pauvre Allen.
L’espoir de se reposer tombe à plat et les voilà repartis.


Un accident de chasse fait palpiter le suspense en un intense sursaut jusqu’à la pleine page pleine de rage de Rick. La narration y est prenante,



l’angoisse asphyxiante.



C’est encore l’occasion de nouvelles rencontres au ranch d’Hershel. Les liens se développent, se tissent avec simplicité pour certains, dans le secret pour d’autres : des manigances évoquées sans être dévoilées tiennent le suspense d’intrigues secondaires, et épaississent la trame générale d’un univers qui cherche constamment à s’enrichir.
La scène de la grange et tous les enjeux qui l’entourent, les points de vue qui s’y affrontent, mènent à l’inévitable climax de l’engueulade entre Rick et Hershel, ce dernier les renvoyant sur la route. Cette séquence aux cadres précis et aux expressions minutieuses, est l’une des nombreuses qui confirment page après page, tout le talent des auteurs. La fin en fait autant lors de quelques pages du temps qui passe, étiré ou lent, léger ou plombé, se dilatant ou se condensant en ellipses évocatrices.


Après ces pages d’errance, ils approchent d’une prison : ils envisagent de nouveau de quitter la route. Ils y entrevoient de nouveau



un avenir possible,



dans l’enceinte clôturée d’une sécurité relativement assurable. Ils entrevoient cette vie derrière : le confort d’un chez soi, d’un abri, et toute l’errance de l’épisode derrière, bientôt. Peut-être.

Matthieu_Marsan-Bach
8

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le 3 mars 2015

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