Magasin Général, c'est l'incursion de Loisel dans un nouveau registre nettement plus réaliste, mais sans jamais rien perdre de sa poésie. Il n'est plus question de guerrier au destin funeste, mais de Marie et puis de tout un paquet de villageois face à leur petite vie de tous les jours. Ce qui fascine dans cette saga rurale, c'est le portrait sincère des personnages, n'omettant jamais de leur attribuer des défauts mais sans jamais les blâmer véritablement non plus (nous ne sommes pas là pour juger). Ainsi, Marie a , dans cet album un comportement plutôt étonnant mais qui n'empêchera pas le lecteur de continuer à l'aimer.

Je suis tout de même déçu par les derniers épisodes. Autant la trilogie de base contient une histoire forte, avec des objectifs ruraux, mais objectifs tout de même, autant les albums qui suivirent témoignent davantage de l'évolution de la ville plutôt que de quelques vrais personnages sur qui tout reposerait. C'est bien, car c'est toujours très documenté, et la propagation de la civilisation est intelligemment dépeinte; mais tout ne tourne plus autour de Marie et Serge. Heureusement les auteurs ne manquent pas d'imagination pour individualiser chaque protagoniste et c'est toujours un plaisir de les voir intéragir ensemble. Mais par exemple, dans ce septième album bien précisément, il est impossible de dire quels en sont les enjeux. Car il n'y en a pas. Les gens font la fête, Marie s'éprend d'un bucheron... puis en fin de course, un semblant d'obstacle puisque les villageois tentent d'élire un maire... en vain.

L'autre reproche que je ferai, c'est qu'en plus de l'absence d'obstacles, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Il n'y a plus aucune misère dans ce village. En général on aime voir ces moments de répit en début ou en fin d'histoire... mais tout le long d'un album, voir des gens heureux et s'amuser... c'est exaspérant. Il est à espérer que les prochains tomes amèneront un peu plus de noirceurs. Il suffirait simplement de traiter les problèmes que vont occasionner ce bébé ours, si mignon pour l'instant, lorsqu'il sera devenu un adulte incontrôlable et qu'il faudra l'abattre... Mais j'ai peur que nos deux auteurs concoctent une fin heureuse dans le genre: les villageois arrivent à le domestiquer... ON notera également l'inutilité de la voix off qui apportait pourtant une véritable tension par rapport aux sentiments de Marie. Ici, la voix du mort ne fait que gêner, on ne sait pas trop ce qu'il cherche, plus personne ne pense à lui de toutes façons.

Magasin Général tome 7 reste un album plaisant à lire (on se sent à la maison avec ces personnages), les cadrages de Loisel sont toujours très cinématographiques, la technique si particulière de Tripp redessinnant par dessus Loisel impressionne toujours surtout par rapport à son jeu de lumière, et les couleurs de Lapierre parviennent toujours à renforcer le travail du précédent! Bref, une fine équipe
Fatpooper
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le 23 déc. 2011

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Fatpooper

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