City Hunter
7.7
City Hunter

Manga de Tsukasa Hojo (1985)

Le manga ferait 35 volumes dans sa version originale japonaise, mais l'édition française, c'est 32 volumes numérotés de 1 à 32, plus une série de trois volumes numérotés par les lettres X, Y et Z. Les volumes X et Y sont plutôt des artbooks, ils ne contiennent à peu près que des illustrations, de très belles toutefois. Puis on a le tome Z avec quatre histoires courtes.
La couverture de ce tome Z offre une interaction de Kaori et Ryo, les deux héros de la série, sur un mode quasi chibi. Quasi chibi, car on a des corps miniaturisés à têtes énormes, mais le détail et la finition font adultes, et Kaori y est masculinisée comme jamais, la pauvre ! J'ai mal pour elle !
Les deux premières histoires courtes du volumes seraient les deux premiers récits inventés par l'auteur mettant en scène Kaori et surtout Ryo Saeba. Je vais en parler plus bas, mais dans la série manga, Kaori n'apparaît qu'à partir du cinquième chapitre et son apparition va bloquer le déploiement de Ryo en tant qu'étalon. Or, dans ces deux histoires courtes, on a donc deux personnages Ryo et Kaori qui collaborent déjà, et Kaori est une très mimi idiote qui, surtout dans la première des deux histoires, suit plutôt en spectatrice détachée les amours de Ryo pour une ou quelques clientes, ce qui évidemment surprend et justifie que ces deux histoires ne soient pas incluses dans la série officielles. Ce furent sans aucun doute les ronds d'essai. Bien qu'il y ait quatre histoires en un volume, on n'a pas l'impression que ce soit si court. Il y a un vrai développement, et qui prend bien le temps de se poser qui plus est, à chaque fois. On peut noter également que le premier récit court évoque un stand pour s'entraîner au tir à Los Angeles, sachant que dans les anecdotes confiées on apprend que l'auteur s'y est effectivement rendu pour mieux préparer l'élaboration de son nouveau héros de manga. Les deux autres histories courtes ne mettent pas en scène nos deux héros, pas même Ryo Saeba. En effet, à l'origine de Ryo Saeba, il y a un personnage intégré à l'univers du précédent manga à succès de Tsukasa Hojo, Cat's Eye. Le "Rat", Masato Kamiya, est un personnage récurrent de Cat's Eye et nous avons droit à deux histoires courtes de Cat's Eye qui racontent ses premières apparitions. Il s'agit d'un gentleman cambrioleur obsédé et décontractée qui fait concurrence au groupe d'héroïnes et qui, attiré par l'une d'elles, Hitomi, découvre très vite qu'elle est une de ces trois mystérieuses filles signant leurs actes "Cat's Eye".
Les 32, 33 ou 35 mangas de la série City Hunter, selon l'investissement qu'on veut y mettre, sont venus à 9 euros cinquante centimes. En-dehors des tomes XYZ, les 32 tomes de la série font autour de 200 pages, les numéros de celles-ci n'apparaissent pas vraiment à cause de la manie japonaise des cases qui excèdent la place prévue pour les marges et bordures de page.
Les volumes ont un grand format et une jaquette dépliante avec à chaque fois un dessin de couverture qui est un régal pour les yeux. Même si ça ne va pas sans un caractère redondant dans la manière de dessiner les visages, les planches sont particulièrement agréables à regarder et Panini°manga nous offre cela dans un confortable grand format. Si la plupart des pages sont en noir et blanc, on a une douceur de pages soit quelques-unes toutes en couleurs avec une dominante du bleu, soit le plus souvent des pages avec des tons orangés qui passent très bien. Puis, il y a du texte, des bulles de dialogue, en conséquence, même si ça ne saute pas aux yeux, et un tome de City Hunter ça ne se lit pas si rapidement que ça, ça prend un certain temps. On n'est pas face à un bloc de texte, et pourtant on est pris dans un rythme de lecture lent, d'où le titre de ma critique, car j'avais envie de souligner ce sentiment d'immersion. Il y a des mangas où le texte est abondant, mais où l'impression de vitesse demeure. Ici, non, il y a une magie tranquille qui s'opère.


L'histoire, c'est celle d'un "nettoyeur". Le "city hunter" est une sorte de tueur à gages, mais on va le voir plutôt impliqué dans des actions justicières, et même son caprice est de ne travailler que pour les jolies clientes au grand dam de Kaori.
Au début du manga, Ryo Saeba a un associé masculin. Kaori n'apparaît qu'au cinquième chapitre en tant que soeur de l'associé masculin qui meurt bientôt après. Kaori devient alors la partenaire de Ryo Saeba. Elle ne sait pas ajuster son tir avec une arme à feu, mais se révèle efficace pour le reste. Mais son autre tare comique, c'est qu'elle passe pour un garçon. En gros, au cinquième chapitre, au-delà de l'erreur opportune d'une photographie, c'est la fille qui s'habille comme un garçon, qui ne parle pas et n'agit pas vraiment de manière féminine. L'idée, c'est qu'elle manque de féminité tout en étant très belle, car si les gens la prennent pour un garçon c'est en lui trouvant du charme. Des femmes s'intéressent à son joli minois garçonnesque et une fois nue ou en sous-vêtements elle se révèle une beauté ravageuse, mais évidemment nous sommes dans un manga et cette réputation de garçon manqué sans charme féminin va lui coller à la peau tout au long de la série et contribuer à ce que Ryo Saeba, obsédé qui drague tout ce qui bouge, se tienne sur la réserve. Il faut dire qu'il se tient sur la réserve en partie parce que c'est la petite soeur de son meilleur ami et ancien collègue décédé lors d'une mission. Du point de vue du dessin, objectivement, le côté garçon manqué n'empêche pas de voir qu'elle a le même visage que quantité de beautés qui emballent Ryo Saeba au cours de leurs nombreuses aventures. Et évidemment un amour qu'ils ne s'avouent et dont ils n'ont pas pleinement conscience unit ces deux-là. D'ailleurs, à partir de l'arrivée de Kaori, c'en est fini des amours libertines de Ryo Saeba qui désormais file le parfait échec dans sa vie sexuelle. Il a une vie érotique qui reste bien remplie, mais les conclusions vont manquer...
D'après l'auteur, le manga avait du mal à enthousiasmer le public au départ. Du moins, c'est ce qu'il dit, car il venait de connaître le succès avec Cat's Eye et je n'ai pas l'impression qu'on puisse vraiment faire contraster, y compris sur le plan humoristique, les huit premiers chapitres avec la suite du manga, mais en gros à partir du neuvième chapitre on a le gag qui fait signature, avec les érections sous le pantalon et le nom "Mokkori" pour les désigner à l'attention.
L'humour du manga est primaire, c'est de l'humour bon public, mais la formule est excellemment conduite, car les actions sont intéressantes malgré les formules répétitives, et les personnages sont profondément attachants. Ryo Saeba se montre profondément humain dans les résolutions des intrigues, avec une petite dose de punitions par la mise à mort, mais dans un dosage efficace entre les morts dans le feu de l'action, les morts qu'on punit par colère, mépris de leurs actes et puis donc les sorts compassionnels.
L'action n'occupe pas pleinement le terrain. Le manga consacre beaucoup de pages aux relations entre les personnages, aux gags et à la psychologie. Les actions sont plus rapides, mais mettent bien en avant les compétences hors normes du héros, tout en s'accordant un humour décalé. Le héros fait des choses qui semblent impossibles, mais cela passe par la magie de l'humour qui nous prépare en ce sens, car on a une explication invraisemblable, mais une explication qui a le mérite de surprendre, d'être original, de frapper l'imagination. Face à un gars qui tire dans le noir, le héros repère sa cible grâce à des étincelles de premiers tirs, etc. Il y a toute une fantaisie qui passe bien. Dans la première histoire courte de Z, on a le héros qui dénonce une arme comme imprécise, puis il l'essaie et s'étonne de faire mouche. Bref, toutes ces idées passent très bien.
Le héros est fortement rabaissé par son comportement d'obsédé inadéquat, parfois d'une grossièreté particulièrement inconvenante, puis il développe son talent et révèle sa fibre humaine ce qui le remet en selle. Et finalement on a un héros sympathique qu'on estime et qu'on moque à la fois. Les autres personnages sont bien conçus autour de lui. Le personnel féminin, on a des femmes plutôt femmes que puériles, quelque chose de coquin et de sentimentalement attachant, et puis il y a le fort caractère de Kaori la ballottée par-dessus tout ça. Un excellent programme !

davidson
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le 31 août 2020

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davidson

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