Un album engagé

Après avoir évoqué la guerre froide dans les trois précédentes aventures Hergé dénonce le trafic d'armes et celui d'esclaves.

L'auteur fait apparaître de nombreux personnages ayant participé à des aventures plus anciennes. Seuls Piotr
Szut, le personnage de Walter à l'aéroport de Wadesdah et le marchand d'esclaves refoulé par le capitaine Haddock sans oublier les hommes du sous marin font partie des nouveaux venus.

Le récit démarre après une soirée au cinéma, avec une brève rencontre du général Alcazar et la venue d'Abdallah à Moulinsart.

De son côté Tintin découvre un trafic d'armes organisé par un certain Dawson déjà rencontré dans le lotus bleu qui a contribué au renversement de l'émir Ben Kalish Ezab.

Tintin et le capitaine Haddock partent pour le Khemed afin de voir la situation de plus près. Ils échappent de justesse à un attentat en plein vol mais bénéficieront de l'aide du Senhor Oliveira pour retrouver l'émir.
Attaqués en pleine mer, ils auront affaire à Rastapopoulos et à Allan puis découvrent des Africains appelés à être vendus comme esclave.

Un récit très réussi et qui ne manque pas d'action. On appréciera le rôle de capitaine pour Haddock comme pour l'étoile mystérieuse ou le Trésor de Rackham le Rouge. En effet, il a le rôle d'un véritable commandant de bord.

On admire aussi le courage du Senhor Oliveira qui prend le risque de détruire un stock de cruches pour aider nos amis.... sans oublier l'aide de Szut.

On notera que les Dupondt auront apporté une aide importante à Tintin au sujet du général Alcazar qui lui avait donné une fausse adresse la veille, ce dernier ayant perdu son portefeuille.

Le professeur Tournesol ne participe pas à l'aventure mais invente un modèle de patins à roulettes motorisés pouvant poser des problèmes sur la voie publique comme aujourd'hui les trotinettes motorisées ou électriques, ce que le capitaine Haddock lui fait comprendre.

N'oublions pas la présence de nombreux véhicules à la fin du récit dont la 2cv des Dupondt et de nombreux modèles de l'époque dont la mini Izetta Velam et des véhicules américains utilisés pour un rallye organisé par un certain Séraphin Lampion.

Un album dont on appréciera la couverture faisant penser à un tableau de Géricault : le radeau de la Méduse. On voit d'ailleurs le capitaine tomber du radeau et réapparaître avec une méduse sur la tête.

Le Los Angeles est un navire militaire américain qui a réellement existé. Il s'agit d'un navire datant des années 40 et qui sera démoli trente ans après. On remarquera une attitude assez ferme de l'équipage vis à vis de l'équipage du navire de Di Gorgonzola allant jusqu'à menacer indirectement Bianca Castafiore et les autres invités se trouvant à bord.

Si on note une aventure maritime sur près d'un tiers du récit les plus belles images sont celles des maisons troglodytes et le dessin approximatif de Petra où on note un contraste saisissant de couleurs apportant une certaine lumière lorsque nos amis vont rejoindre l'Emir.

On remarquera aussi que le hasard fait bien les choses aux héros :

• le colonel Ahmed interprète l'ordre de Mull Pacha (docteur Müller) à côté de la plaque, ce qui sauve nos amis.




• le plongeur échoue dans sa mission et ne parle pas de son échec où à cause d'une ancré qui l'a en partie assommé il n'a pas pu poser la bombe sur coque du navire, ce qui sauve la vie de nos amis.




• le bateau se met trop vite en marche arrière, ce qui permet à nos amis d'échapper à une torpille.

Un récit très mouvementé où Hergé aura regroupé des éléments issus de récits précédents ( voyages en partie inattendus comme dans les Cigares du Pharaon, aventure dans le désert puis maritime) en plus des personnages existants que l'auteur avait regroupés.