Croke Park
6.7
Croke Park

BD (divers) de Sylvain Gache et Richard Guérineau (2020)

Chers Sylvain Gâche et Richard Guerineau,


me vient, enfin, l’occasion de vous écrire. Mais je ne suis pas totalement hors du temps, car on annonce une réimpression de votre ouvrage. C’est heureux !


Vous nous proposez un récit éclairant dont on connaît l’issue, mais qui n’empêche pas que nous y plongions avec exaltation et je dois dire, avec excitation.


Bien sûr, nous ne sommes pas de ceux-là. Je veux dire en cela, pas biberonné à l’histoire irlandaise. Pas nés en terre anglaise, non plus. Si peu concerné, de fait.


Pas nourris, ni élevés par les histoires comptées au coin de la cheminée par des grands-parents qui ont entendu l’homme qui a vu l’homme qui dans les rues de Dublin tua pour la cause.


Et pourtant, nous voici embarqués, en un début de siècle déjà ravagé, meurtrier, dans une quête d’indépendance pour les uns. D’appartenance pour les autres. Les morts se comptent dans chaque camp. C’est, œil pour œil, dent pour dent et le dernier survivant.


“Bien sûr, il y a les guerres d’Irlande, mais voir un ami pleurer” – Brel


1920, Croke Park, est le stade de foot gaélique !


Croke Park, ça claque !


Ça claque, comme un coup de pistolet !


2007, l’équipe d’Irlande reçoit l’Angleterre, dans le tournoi des cinq nations à… Croke Park !


Croke Park, ça claque !


Ça claque, comme une entrée en mêlée !


Et voici que sur la même pelouse, s’ouvrent les espaces-temps. Nous allons, aller et retour entre deux époques, deux mondes, deux atmosphères, deux ambiances. Une bande dessinée comme une machine à remonter le temps. 1920 – 2007. Les deux font la terre. Celles des rebelles et des conquérants.


Les stades deviennent mythiques parce que l’on y gagne ou parce que l’on y meure. Parfois les deux !


Voici un récit historique et gaélique ! Les bons, ça osent tout, et c’est justement à ça qu’ont les reconnait, chers Sylvain Gâche et Richard Guérineau.


C’est ainsi que les hommes vivent et meurent. C’est ainsi que les peuples se dissocient, je veux dire en cela, qu’ils ne se réconcilient jamais vraiment.


Sur la couverture, le ballon est rouge sang. De rage, de honte, de colère, de vengeance, de haine… Il est à terre et n’est plus vivant ! Ce n’est pas le seul.


Les cicatrices sont si profondes. Les humiliations si fortes, les blessures encore récentes. Il y aura d’autres Sunday bloody Sunday !


Croke Park, en somme, est un stade qui résume assez bien l’esprit de cette nouvelle collection (aux éditions Delcourt) “coup de tête”. Un lieu où se côtoient le sport et l’Histoire.


Vivement la suite !


Sébastien Beaujault


“Croke Park”
Sylvain Gâche et Richard Guérineau
Collection coup de tête
Editions Delcourt

Créée

le 29 déc. 2020

Critique lue 141 fois

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