Ça commence par un suicide et une énigme. Pourquoi le personnage reste en vie ?
Dans un récit qui part de ce drame surréaliste pour se développer en thriller de science-fiction fantasmagorique, Jason Shiga développe une lutte sans merci entre son protagoniste immortel et les forces qui souhaitent le contrôler. Un affrontement faits de pièges alambiqués et de prisons improbables qui repoussent toujours plus loin l'imagination des personnages. On jubile à chaque surenchère dans la construction de donjons et de plans d'évasion toujours aussi imprévisibles. Ça nous rappelle des discussions d'adolescents sur les scénarios de science-fiction faites de Et si... et de ouais mais moi à sa place j'aurais.
Le style épuré et sans couleur, parfois proche d'un storyboard aux lignes claires, brille surtout par l'efficacité de sa mise en scène. Rarement on a vu une aussi forte puissance narrative dans les scènes d'action surtout. Du suspens, de l'intensité, du rythme, Demon en regorge.
Avec ses nombreux mais plutôt subtils clins d'œil parodiques au cinéma d'action, c'est aussi un ouvrage très drôle d'autant que les effets comiques interviennent souvent au moment où on les attend le moins. Un humour parodique mais aussi noir et cynique à l'image de ses héros qui n'ont absolument aucune empathie pour leur environnement, parti pris assumé et dont on joue et se moque.
Pavé riche et génial, cette intégrale de Demon est un monument inventif, unique et très excitant. On en reveut !