Trait réfléchi
Ordinairement les récits familiaux ne sont pas ma tasse de thé, surtout depuis qu’un nombre non négligeable d’auteurs de bande dessinée semblent s’être mis en tête que pour accrocher des galons d’art...
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le 2 juil. 2019
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Ordinairement les récits familiaux ne sont pas ma tasse de thé, surtout depuis qu’un nombre non négligeable d’auteurs de bande dessinée semblent s’être mis en tête que pour accrocher des galons d’art sérieux aux manches de leur discipline, il était indispensable de produire des albums aussi ternes, nombrilistes et pauvres qu’un prix Médicis ou Goncourt.
Nombriliste, Deuxième Génération l’est un peu, mais tourne autour de plusieurs nombrils : ceux de l’auteur et de son père principalement, mais aussi celui du frère aîné. Michel Kichka évoque l’impact de la déportation d’Henri Kichka – Auschwitz à seize ans, les marches de la mort à dix-huit, etc. – sur sa famille. Si la question Comment revivre après la Shoah ? n’a rien d’original dans la littérature de déportation, elle se pose différemment dans l’album : Comment vivre avec un survivant ? Que le sous-titre en soit « Ce que je n’ai pas dit à mon père », plutôt que Ce que mon père ne m’a pas dit, cela ne me paraît pas anodin.
Mais Deuxième Génération n’est ni terne, ni pauvre, car l’auteur a l’intelligence de faire de la bande dessinée – c’est-à-dire quelque chose qui ressemble à tout sauf à de l’illustration. Alors qu’avec un tel sujet il eût été tentant de produire deux cents pages d’introspection illustrée, Michel Kichka réussit à faire naître des dialogues entre image et texte (ce qui devrait être la moindre des choses), entre l’album et le lecteur (ce qui en est la conséquence logique). Ça réfléchit et ça parle beaucoup (conversations, témoignages, souvenirs, etc.), mais il y a un trait qui court tout au long de Deuxième Génération, et quelques trouvailles graphiques qui rendent certains passages particulièrement percutants.
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le 2 juil. 2019
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