Introduction, comme à l’habitude, autour des robots de service du Méta-Bunker, en bien mauvaise posture puisqu’ils subissent l’attaque de leur maître, déterminé à les détruire, et à nous priver ainsi de la suite de l’épopée familiale.
Heureusement, Tonto possède de nombreux tours dans sa caboche d’électronique et le récit, évidemment, se poursuit.
La malédiction continue de peser sur les existences de l’impossible famille Castaka, et Alejandro Jodorowsky multiplie les échappatoires sorties du chapeau en explorant la schizophrénie inévitable de Melmoth, le guerrier poète, ce germe d’une ombre personnelle, dans
un univers d’incessants conflits stellaires.
Le scénario pourtant est, comme d’habitude aussi haché qu’elliptique, et sa cohérence dans le tourbillon de répétitions et de déformations schizophréniques ne tient que dans la
faiblesse de l’exploration des sentiments humains,
toujours acculés dans l’extrême.
Le travail de Juan Gimenez, heureusement, est toujours époustouflant.
Les portraits de Doña Vicenta, les chefs d’acier de Tête-d’Acier, les fresques galactiques. C’est toujours un plaisir immense d’admirer l’art de l’illustrateur, toujours aussi richement sollicité pour donner vie dans
de magnifiques tableaux aux délires cauchemardesques
de son collègue halluciné.
L’intensité quantitative, les tonnes de tartines d’interventions narratives, tout contribue à alourdir un peu plus la fluidité d’un
récit épique inapprofondi
et, par là, incomplet, et pourtant riche et captivant. Le dessin, je le répète, et la proximité de l’aboutissement tiennent le lecteur plus que le talent, mis à l’épreuve, du scénariste.
Une lassitude s’installe, sauvée par
un toujours impressionnant travail graphique.