El Gaucho
7.1
El Gaucho

BD (divers) de Hugo Pratt et Milo Manara (1991)

Visuellement, El Gaucho est sublime. Une des plus belles bédés que j'ai jamais lues.


Extrêmement riches de détails, le dessin de Milo Manara devient dentelle à de très nombreuses reprises au cours de la lecture. Le plaisir que procure ce foisonnement est incommensurable : la sûreté de son trait, l'harmonie qui se dégage de l'ensemble de ses planches sont magiques.


Cela produit un album incroyable de beauté, tout à la fois poétique, âpre, sauvage, plein de puissance.


Le sujet s'y prête évidemment. À ce propos, le scénario est de prime abord touffu avec de nombreux dialogues ou monologues entre officiers anglais expliquant la situation politique à Buenos Aires, ce qui en soit n'est pas de plus éclairant. Manara reste un peu attaché à ces détails ; cet appesantissement alourdit un peu la lecture.


Mais très vite, l'action reprend le dessus. Et l'histoire du coup insuffle du mouvement. La dynamique est merveilleusement mise en forme par le dessin aussi sensuel que brutal. La fougue rivalise avec cette incapacité de sortir du chaos pour caractériser les personnages.


Ballottés par l’Histoire, ils sont les jouets de leurs violences, de leurs amours, de leurs désirs, de leurs espoirs et surtout du sort qui se joue de la justice, de la morale et des illusions humaines. Le récit est épique, salé, salaud, parfois sale, mais toujours dans le fracas. Et ça aussi c’est fort agréable à la lecture.


Cette grande fresque donne un très bel album. À la beauté que l’on connaît des femmes de Milo Manara s'ajoutent celle des paysages, celle des reconstitutions historiques, les navires, la vie des marins, les colonies, l'horreur des batailles, la nature sauvage, tout cela magnifié par ce trait méticuleux, d’une telle finesse qu'on se demande pourquoi Manara n’a pas réussi à mettre autant de soin sur tous ses albums. El Gaucho recèle quelques cases merveilleuses.


C’est un objet superbe, un miracle, un album incontournable que tout bédéphile devrait posséder pour s’y plonger de temps à autre et s’y délecter.


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Alligator
10
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le 31 août 2017

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