Entre L'art invisible, Réinventer la bande dessinée et ce dernier ouvrage, Scott McCloud est le génie de la didactique pour comprendre, apprendre et décrypter ce qui fait le sel de cet art. Sous les atours d'un ouvrage pour apprendre à faire de la bande dessinée, sous la forme d'une BD d'ailleurs, l'auteur nous donne surtout des clefs pour analyser ce vers quoi doit tendre le faiseur et quels sont les outils dont il dispose. Et grâce à trois décennie d'expérience, le père McCloud est un véritable champion dans l'étude de son média.


Il ne s'agit pas forcément d'un ouvrage encyclopédique ou cherchant à servir de base à un cours, mais il reste néanmoins une solide base sur laquelle construire une bonne réflexion. Quoi dire, comment le dire, par quel moyen tout en s'appuyant sur une variété de style impressionnante, l'auteur balaie le spectre des possibilités avec aisance et pédagogie. Savoir piocher un peu partout, dans chaque spécificité des trois courants majeurs, tout en soulignant l'importance de la culture dont est issu le lecteur rapproche un peu plus l'apprenti de son but : faire de la bande dessinée.


Alors, on pourra lui reprocher malgré tout une connaissance assez légère du franco-belge, ainsi qu'un survol trop rapide des orientations qui ne sont pas les siennes, pour ne s'axer que sur les genres et styles qui lui sont propres. On pourra également s'étonner qu'un auteur puisse proposer un "guide" aussi exhaustif et intelligent tout en le concluant par un "hey c'est pas parce que vous suivez mes conseils que vous y arriverez parce qu'après tout je raconte peut être n'importe quoi". Car en fait son exposé est si intelligent, didactique, plaisant et passionnant qu'il serait judicieux de le conseiller à tous ceux qui souhaitent mettre un pied dans l'industrie.


Malgré quelques couacs dans ses ouvrages, Scott McCloud reste, si ce n'est un grand théoricien de la bande dessinée, en tout cas un maître dans l'art de faire découvrir où peut bien se trouver le sens profond du neuvième art et comment l'exploiter. Y a de quoi rester sur le cul, avant de le relire une deuxième fois pour emmagasiner un peu plus de données et voir en quoi Ghost world, Maus ou Blast sont des oeuvres d'art qui ont su utiliser ce média pour éclairer notre monde.

David_Toubiana
8
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le 19 août 2015

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David Toubiana

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