J’ai dès les premiers instants de lecture compris que Fma serait un grand nom du manga, peut-être le plus grand. Mais c’est sa fin qui a surtout marqué mon esprit. Une fin heureuse, quand la plupart des chefs d’œuvre lui préfèrent le drame. Une fin suivant les codes d’un shōnen qui pourtant était défiés tout au long du récit.


Dans la région fictive d’Amestris, dont on pourra souligner la proximité avec l’Allemagne, existe les alchimistes. Plus que de creux « sorciers », l’alchimiste possède une véritable existence historique, s’appuyant de cette première vision, l’autrice dessinera l’odyssée bien singulière, de deux frères.


Edward, aux premiers abords, petit homme assez colérique, et Alphonse, qui semble bien plus apaisé que son frère. C’est sur ces deux enfants, leurs erreurs, leurs souffrances, ainsi que leurs cheminements que se portera le récit.


Avant tout, la force de Fullmetal Alchemist (où FMA Brotherhood pour l’adaptation animé) est évidemment ses personnages haut en couleur. Tous tiraillés de désirs, imprégnés de valeurs, et toujours d’une humanité assurée.


Mustang le pragmatique, le visionnaire. Apportant un aspect plus politique au manga, et avec lui, un autre rapport au réel, plus sombre, mais concret. Il prendra des choix différents, en opposition à notre héros, mais tout autant compréhensible.


Alphonse, l’être dépossédé de son corps. L’Homme est il vraiment plus puissant quand il est détaché de ses besoins premiers, au contraire, c’est de solitude dont souffrira le jeune frère du héros, déposséder des simples plaisirs, déconnecté d’une condition humaine aussi terrible que splendide.


Scar et la haine, le désir de vengeance. Digne d’un héros de seinen noir, un homme luttant seul, portant sa vision de la justice, un homme brisé, qui semble condamné à l’ombre. Mais dont le destin sera bousculé par des événements le poussant à revoir sa vision du monde, à sortir de l’obscurité.


Envy l’envie, est peut-être un des personnages les plus complexes de Fma. Cachant sa véritable nature jusqu’à son dernier souffle, il en fait désireux de l’Homme (Envy n’est pas humain), de sa fragilité, de sa capacité à éprouver de l’empathie puis de comprendre ou être compris.


Izumi, la perte de l’enfant. Comment considérer l’enfant, en ce siècle d’autant plus insensé. Il nous faut cependant saluer la beauté du sacrifice d’une mère, prête à tout pour sauver celui dont l’esprit n’est pas encore arrivé à son terme, cette chair nouvelle, devenue pour elle, symbole d’espoir.


Enfin Marcoh et le regret (personnage d’autant plus intéressant car semblable au héros). Comment vivre après avoir bafoué la vie, comment vivre quand les forces de ce monde nous dépassent. Un personnage rongé de culpabilité qui malgré tout se relèvera pour essayer de rebâtir, de ses mains, un avenir plus juste.


Une aventure qui brille plus de l’évolution de ses propres personnages, que de son véritable scénario, qui reste néanmoins resplendissant. Et c’est en ce point précis que la fin de Fma est marquante. Chacun des personnages ayant évolué, ayant perdu, péri parfois, mais ayant changé lors de la traversée du monde, changé du tout au tout en cet instant précis qui signe la fin du manga.



(Spoil)


C’est bien une quête de reconstruction que nous présente Hiromu Arakawa à travers son personnage principal. Edward apprendra dans son long voyage, à pardonner à lui-même et au monde, à transformer l’insensé désir de pouvoir des Hommes en quête de retour à la vie. Il retrouvera la paix, reformera un foyer, mais plus que ça nous indiquera le chemin à suivre.


Fma laisse dès lors apparaître sa dernière moral : « Dieu, est avant tout tel qu’on le perçoit », un terrible gardien de cette condition humaine si détestable, comme un protecteur d’une vie aussi éphémère que splendide.


C’est un récit d’humanité qui nous est compté ici, sans tomber dans une histoire trop plaignante, ni d’une mielleuse et inutile gentillesse, Arakawa nous pousse à l’espoir, il faut dès lors avoir foi en l’Homme et sa capacité à combattre pour le bien.

Leonydas
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le 29 juin 2023

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