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Motorô Mase nous propose ici un manga avec un postulat de départ génial, propice à développer un titre qui fait réfléchir. Il est à la fois psychologique, dur, réaliste, tendre, sombre et joyeux. Toute l'originalité du titre repose bien sur cet unique postulat : et si une loi, pour le bien de la communauté, permettait de tuer 1 jeune sur 1000. Que ferait cette personne à 24 heures de sa mort?

Sous couvert d'une loi visant à améliorer la productivité, redonner à la population la joie de vivre, cette loi n'en demeure pas moins ignoble. Si on peut s'interroger sur le réalisme d'une telle mesure, il faut simplement la prendre comme le postulat de base de cette société. Par son biais une va découvrir un des fonctionnaires chargés de remettre le préavis de mort et surtout ces destinés qui seront brisées.

Ce principe de « tuer » des jeunes au hasard me rappelle, dans une certaine mesure, la loi dans Battle Royale, où, selon, la loi, une classe devra s'entretuer pour qu'il n'en reste plus qu'un dans un but de « prospérité pour la nation » (même si le régime est plus totalitaire). Là aussi, c'est une notion très japonaise. Même si la loi n'est pas tout à fait la même, et le traitement qui s'en suit, dans le manga, totalement différent, je n'ai pas pu m'empêcher de faire le rapprochement entre ces deux titres.

Par l'intermédiaire de Fujimoto, petit fonctionnaire de mairie, qui sera chargé de remettre les ikigami, le mangaka nous dévoilera le fonctionnement de ce terrible système et les réactions de ceux qui recevront ce préavis.

Dans ce premier tome, on va donc beaucoup suivre la formation qu'a reçu Fujimoto et ainsi mieux comprendre l'essence de cette loi et surtout tout le dispositif garantissant l'anonymat total des futures victimes.

Cette partie là est extrêmement bien faite et nous permet de comprendre tout ce qui cache derrière cette loi, par le biais des agents chargés d'annoncer la mauvaise nouvelle.
L'auteur glisse aussi, discrètement, des éléments qui constitueront, peut -être, le fil conducteur de la série. Sans avoir lu la suite, j'ai comme l'impression que les tomes suivants seront plus axés sur Fujimoto et sa « rébellion » face à cette loi. Ce n'est qu'une supposition faite à partir des premiers éléments glissés suggérant que le fonctionnaire doute un peu du bien fondé de cette loi, ainsi que des éléments semblant montrés un petit coté totalitaire de cette société.

L'autre grosse partie du manga est centrée sur les réactions de deux receveurs de l'Ikigami. Le premier est Yosuke, qui a longtemps été la tête de turc de son école, au point d'en avoir été profondément marqué. Le second est Torio, chanteur qui essaie de percer dans le métier, même en ayant lâché son ami de toujours pour cela.
Nous allons donc suivre les réactions de ces deux personnages totalement différents après avoir reçu le préavis. Et c'est là, pour moi, que réside l'intérêt de ce titre. En effet, le comportement humain est une excellente source d'inspiration, et ces deux cas nous le montrent bien.

Par peur de spoiler, je ne vais pas raconter ce qu'il vont faire ni dire quels sentiments ils éprouvent. Néanmoins, Motorô Mase nous décris superbement leurs comportements très humain et ce, de façon extrêmement crédible.
Leur destin est très poignant, bouleversant et criant de vérité. On ne peut que se projeter dans cette histoire qui semble si proche de nous. Comment réagirait-on si on nous annonçait qu'il nous restait que 24 heures à vivre?

Le scénario est tout bonnement excellent. Le mangaka semble connaitre sur le bout des doigts la psychologie humaine. La description de ce système si bien huilé est bien maîtrisée. Tout ça donne une sacré profondeur à ce titre et le rend terriblement réel.

Les dessins sont excellents je trouve, et contribuent à l'ambiance du manga. Les personnages sont très réalistes et variés, les décors urbains, un tramage de qualité et une mise en case maîtrisée.

Dans Ikigami, je pense qu'on peut trouver plusieurs sources de plaisir : suivre les destins de ces personnes, se projeter dans cette société et l'aspect politique.

Pour conclure, je ne pensais pas me trouver face à un titre de cette qualité. J'ai été bouleversé par ce récit, que j'ai trouvé d'un réalisme criant. Un scénario original, maitrisé et captivant, le tout servi par des dessins de toute beauté.

Assurément un coup de cœur pour cette année. Une vraie bombe à découvrir! Espérons que la suite se montre à la hauteur.
Kameyoko
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le 13 déc. 2010

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