Après avoir lu plusieurs critiques élogieuse de la BD « Iron ou la guerre d’après », je n’ai pu m’empêcher de l’acquérir. Le fait que l’auteur utilise un dessin animalier et un traitement des couleurs à l’aquarelle n’y est certainement pas étranger non plus… Doté de 160 pages, « Iron » est scénarisé et dessiné par S.M. Vidaurri et publié aux éditions Cambourakis. Il y est question d’un pays indistinct qui se relève d’une guerre. Les vaincus oppressent le peuple et la rébellion s’organise. Hardin fuit dans la campagne avec des documents secrets. Il ne s’en remettra pas. Et c’est son fils qui va vouloir endosser son rôle, malgré son jeune âge.

« Iron ou la guerre d’après » propose une histoire assez classique sur le fond. On retrouve les thèmes du courage, de l’honneur, de la trahison. D’autant plus que le pays, le régime, l’époque ne sont pas indiquées, ce qui donne une universalité au message de l’auteur. Malgré ce classicisme dans le thème, la narration est réussie et prenante. Les personnages des deux enfants sont particulièrement forts. Entre le garçon qui veut être digne de son père, quitte à être trop dur avec sa sœur. Cette dernière, plus jeune et fragile, fait vraiment figure de personnage innocent qui subit la dureté du monde dans lequel elle vit. Même si le thème est assez classique, il faut quand même signaler que le scénario apporte son lot de surprises et de suspense, et qu’il possède une vraie densité. Mais que les âmes sensibles soient prévenues : le monde d’Iron est impitoyable et particulièrement dur, surtout qu’il implique des enfants.

Si « Iron » se passe dans un pays indistinct, force est de constater que l’on n’est pas sous les tropiques ! La neige est très présente et le froid semble y régner. L’auteur choisit un traitement très froid et dur. L’environnement est glacial, mais les personnages également. On recherche en vain quelques instants de chaleur humaine. C’est là vraiment que l’œuvre puise sa force : l’ambiance est particulièrement réussie. L’auteur a construit son drame en chapitres, comme pour montrer toutes les étapes qui mènent à une fin tragique.

Cette atmosphère froide et pesante est portée par le dessin splendide et personnel de S.M. Vidaurri. C’est un véritable coup de cœur. Le choix d’un dessin animalier est parfaitement cohérent avec l’idée d’une fable politique. Ainsi, les oppresseurs sont des tigres, les rebelles des lapins ou des chèvres… Mais surtout, cela renforce une nouvelle fois l’aspect universel de l’histoire. Le trait de Vidaurri se révèle vaporeux tant l’encrage est léger (et disparaît parfois). Le tout est quasiment dessiné directement à l’aquarelle dans des tons bleus/gris. C’est simplement splendide, une vraie révélation. Si l’histoire fait surtout la part belle aux dialogues, Vidaurri maîtrise bien sa mise en page, en faisant de nombreuses inclusions pleine de sens. Voilà un auteur qui maîtrise son graphisme et sait en tirer le meilleur. Il est d’ailleurs dommage que la couverture ne rende pas vraiment honneur au graphisme que l’on retrouve à l’intérieur de l’ouvrage. Surtout que le livre est vendu sous plastique… C’est assez étonnant et cela dessert l’œuvre.

« Iron et la guerre d’après » est le genre de livre qui ne peut pas laisser indifférent. Bâti sur un sujet oppresseur/oppressé classique, il n’en reste pas moins passionnant et servi par une ambiance incroyable. Le dessin, magistral et original, mérite à lui seul le coup d’œil. Voilà une œuvre forte et dotée d’une personnalité affirmée. A découvrir absolument.
belzaran
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le 23 juil. 2013

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belzaran

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