JLA Nouvel ordre mondial : Légendes par arnonaud

Légendes est l'event qui suit Crisis on Infinite Earths et qui explique la formation de la Justice Ligue International ainsi que de la Suicide Squad. C'est cet aspect qui me rendait curieux vis à vis de l'event.

C'est une histoire qui est désormais dispo dans l'album "La Légende de Darkseid" chez Urban, mais je suis tombé sur cette édition Semic qui a le bénéfice d'avoir une énorme préface de Mike Gold, l'éditeur de la série, qui met bien à plat le contexte éditorial derrière Légendes, c'est très intéressant. Et c'est complété par une deuxième préface qui donne le point de vue du scénariste John Ostrander, donc c'est assez formidable. Vraiment un super boulot de la part de Semic de ce côté là.

Légendes est un event beaucoup plus restreint que Crisis on Infinite Earths, l'énorme event en 12 numéros sorti juste avant, et qui servait à se débarasser des trop nombreuses terres parallèles que l'univers DC avait jusque là (il y avait la terre principale, puis une terre pour les héros des années 40, une terre pour chaque maison d'édition qu'avait racheté DC, mais aussi des terres concepts comme la terre-3 où les héros classiques sont des vilains, etc. Bref l'éditeur avait la sensation que c'était trop compliqué à aborder pour les nouveaux venus et l'idée était de simplifier tout ça). Ici y a beaucoup moins de personnages (on voyait l'intégralité des personnages de DC dans Crisis, il faut dire que George Pérez adorait dessiner le plus de persos possible) et ça ne dure que 6 numéros. Légendes sort en 86-87, au début de ce qu'on pourrait appeler le "Dark Age" des comics, connu pour ses scénarios plus sombres et cyniques chez les super-héros. L'idée avec cet évent, c'est de remettre en avant leur héroïsme et de profiter de la nouvelle terre unifiée de DC pour rassembler dans une même histoire différents coins de l'univers de l'éditeur qui ne s'étaient pas énormément croisés jusque là : aux classiques Batman/Superman ainsi qu'à l'étrange Justice League de l'époque (composée d'Elongated Man, Vibe, Vixen, Steel, Gipsy et Martian Manhunter) viennent s'ajouter entre autres Doctor Fate de la Justice Society, Blue Beetle qui venait de l'éditeur Charlton, Captain Marvel (connue désormais sous le nom de Shazam) qui venait de l'éditeur Fawcett, mais aussi Firestorm, le Green Lantern Guy Gardner, Wally West qui est encore à ses débuts sous le costume de Flash, son pote Beast Boy des Teen Titans, Cosmic Boy de la Legion, le Phantom Stranger... Et tout ce petit monde combat Darkseid qui avait peu interagit avec le reste de l'univers DC jusque là me semble t-il.

Bref, c'est sympa de voir l'univers DC ainsi unifié. Pour l'histoire en elle-même, Darkseid cherche à discréditer les héros de la Terre, pour pouvoir s'emparer de la planète plus facilement. D'un côté il va envoyer le puissant démon Brimstone pour neutraliser quelques héros, et en parallèle il va envoyer son laquais Glorious Godfrey, infiltré, mener toute une campagne médiatique pour jeter l'opprobre sur les héros. Il va aussi pousser certains héros à la faute, et inciter divers lynchage publics des "légendes". La situation va ainsi s'emballer, allant même jusqu'à un décret rendant illégal les héros. Et en parallèle, sans que ce soit très bien relié, le gouvernement américain cherche à avoir sa propre force de frappe à super pouvoirs et relance la Task Force X, et c'est ainsi les débuts de la Suicide Squad moderne.

Y a des bonnes idées, j'aime bien le casting de personnages, et c'est dessiné par John Byrne donc c'est plutôt chouette graphiquement, en plus c'est agréable de lire l'intro de la Justice League International et de la Suicide Squad... mais force est de constater que l'event est tout de même vraiment pas dingue. Il a la réputation de pas être génial, et c'est vrai. Vu qu'Ostrander était nouveau chez DC à l'époque, c'est Len Wein qui connaît bien l'univers de l'éditeur qui écrit les dialogues, pour s'assurer que les persos gardent leur voix habituelle, mais je me demande si ça ramène pas un côté assez vieillot aux textes qui ont en outre une tendance à tourner un peu à vide. L'event est court mais arrive à être parfois un peu mollasson, et passe son temps à nous répéter l'accident de Billy Batson dans le premier numéro pour n'aboutir à pas grand chose. On pourra aussi évoquer l'intégration maladroite de Wonder Woman, ou la volonté est de ne pas rentrer en contradiction avec le début du run de Pérez sur le personnage à l'époque, mais ça donne une chronologie bizarre où Wonder Woman semble débuter sa carrière alors que tous les autres héros (sauf Captain Marvel) semble avoir débuté depuis un certain temps.

Au final ce n'est pas une histoire désagréable à lire, mais c'est assez sommaire et en tout cas ce n'est pas un grand comics de super-héros indispensable. C'est assez logique qu'il soit tombé dans l'oubli. Un récit à réserver aux complétistes.