Marquant l'arrivé de Mark «Kingdom Come» Waid sur la mythique Justice League, Tower of Babel a le grand soucis d'être légèrement sur-estimé par les critiques. Le gros problème de Tower of Babel est le décalage entre l'idée originale et sa réalisation.
J'annonce d'ailleurs par avance que je vais spoiler. Bon, dans un sens ce n'est pas très grave puisque la moitié du net spoile déjà ce titre à chaque fois qu'il en parle, mais je préfère quand même prévenir.


Le thème fondateur est celui de la trahison. Chaque membre de la Justice League se trouve immobilisé, coincé, vaincu, par un subtil plan de Ra's Al Ghul. Le démon a trouvé une manière de vaincre chacun des membres de la ligue, mais l'idée ne vient pas de lui mais du plus terrible de tous ses membres : Batman. Batman, le seul humain, a fini, par paranoïa et par envie de se protéger, à se préparer à vaincre chacun des membres de la ligue. Ceux-ci ne peuvent rien y faire et se retrouve submerger. Peuvent-ils pardonner, peuvent-ils faire confiance à cette trahison ? Peuvent-ils seulement la comprendre ?
Cette thématique est très forte puisqu'elle vise à redéfinir l'équilibre des personnalités et des rapports entre les différents héros DC. Dans le même temps cela développe la thématique de l'ultra-préparation de Batman qui entraîne, nécessairement, une forme de paranoïa, le coupant de ses plus proches amis. Le personnage apparaît cynique.


Le problème, c'est qu'au-delà de l'idée, très bonne, le traitement laisse à désirer. Déjà ce thème est à moitié au centre puisque l'histoire se concentre principalement sur le plan sous-jacent de Ra's Al Ghul : la Tour de Babel, un mécanisme qui brouille le cerveau et lui fait perdre ses repères sur la langue. On ne comprend plus ce qu'on lit ni ce que l'on entend.
Ce sujet reste là même une fois la question de la trahison légèrement dépassé. On a ce sentiment que c'est très important alors qu'en réalité le propos de fond est celui de la trahison de Batman. J'ai trouvé ça largement sur-vendu et inintéressant. Finalement cette Tour de Babel vole la vedette à la thématique principale.
De plus, elle marque également la liste des « trucs idiots » qui flinguent le récit. Premier point : Ra's Al Ghul met son plan à exécution étape par étape … Alors que rien ne l'empêche d'aller dès le début à l'étape finale pour que personne ne se comprenne. Mais bon, il est comme ça Ra's, il aime se mettre en difficulté tout seul comme un idiot. Dans la même catégorie, Talia qui se dit que finalement son père l'utilise un peu trop alors qu'il ne lui a rien demandé d'exagérer. Elle décide, finalement, d'aider la ligue comme ça, sur un coup de tête sans réelle motivation (elle a trahi Batman sans réellement hésiter par exemple). Talia qui, dans le même temps, pénètre la Tour de Garde avec une facilité déconcertante et sans aucun challenge, ça aussi ce n'est pas mal. Pour continuer, on soulignera que Batman prépare des plans pour vaincre « gentiment » la ligue. Il n'est jamais question de les tuer, ou alors pas trop … C'est un peu ridicule ce « presque jusqu'au boutisme ». Enfin, Batman prévoit tout, sauf d'avoir une visiteuse dans sa Bat-Cave.


Bref, tout ça pour dire que sur quelques détails, on va tilter et dire que c'est quand même pas génial. Certains plans sont d'ailleurs plutôt naze. On appréciera la manière dont Martian Manhunter, Aquaman et Plasticman sont vaincus et comment ils s'en remettent. Les autres semblent, cela dit, bien peu traumatisés. Cependant, la réflexion de Kyle qui soutient Batman est pas mal du tout.
On regrettera également toute l'importance donné au plan machiavélique de Al Ghul qui sonne un peu trop le réchauffé et le James Bond pour moi. On va pas mal regretter que toute cette partie du scénario éclipse l'intérêt derrière.
On regrettera aussi le dessin de Howard Porter, vraiment pas top. S'il y a pire, il y a aussi meilleure et plusieurs fois on se dire que le côté tragique manque au design. L'économie des pages n'est pas non plus au rendez-vous. De plus certains personnages, tels Wonderwoman sont quand même pas très réussis. C'est pas hideux non plus, mais Waid a pas le droit au meilleur équipier pour le coup.


On oubliera pas cependant, de souligner la qualité d'écriture des monologues, ainsi que certaines phrases de plusieurs personnages. Globalement tous les membres de la ligue ont le droit à des scènes vraiment bien écrites et on sent que Waid manipule bien leur essence. Un plaisir là-dessus.
Finalement, malgré pas mal de défauts qui tuent la qualité initiale de l'oeuvre, Tower of Babel doit se lire pour son idée, franchement originale, et l'écriture des personnages, plus que recommandable.

mavhoc
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le 17 févr. 2016

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mavhoc

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