L'Homme gribouillé
7.3
L'Homme gribouillé

BD franco-belge de Serge Lehman et Frederik Peeters (2018)

Déception, c’est le premier mot qui heurte à la fin de la lecture. Plus de 300 pages. C’est tout de même conséquent pour un roman graphique, un pari risqué, un pari qui s’écroule. Pourtant, la couverture promettait l’enchantement, la quatrième de couverture semblait offrir un univers onirique bordé de cauchemars. J’aurais probablement dû lire le résumé, qui lui informait que le roman graphique serait un policier.


Choix étonnant et vivifiant, l’accent est mis sur les personnages féminins, sur cette mère et sa fille, mais également la grand-mère dont on apprend quelques bribes de vie à travers le récit. Famille maudite, famille condamnée à engendrer que des femmes. L’histoire se tisse autour de ce trio, de cette mère de famille perdue à ses vapeurs d’alcool, de sa fille à l’imagination trop débordante, et la grand-mère qui semble avoir enfoui de curieux secrets. Betty et Clara deviennent tour à tour victimes, enquêtrices, conteuses. On suit leurs pérégrinations, on attend le dénouement, et c’est probablement là que s’écroule le récit.


Un homme au visage de corbeau prénommé Max vient quérir une somme d’argent, somme qui lui est remise à intervalle régulier. Le récit s’articule autour de ce personnage, à moitié homme, à moitié animal. Créature fantasmée ? Si il apporte une touche de fantastique, voir d’horreur pour certaines scènes, il n’en reste qu’un personnage de décorum, balayé sur les dernières pages, sans la moindre explication. Le côté fourre-tout de l’histoire empêche une réelle compréhension de la trame proposée par l’auteur. On s’égare dans un policier, on flirte avec le surnaturel, pour au final valser dans un récit horrifique et soudainement tout n’est plus qu’histoire familiale, saupoudré d’historique. Dommage.


Toutefois, si le récit ne m’a pas convaincu, la qualité graphique quant à elle est impressionnante. Pour moi qui suis réticente au noir et blanc, j’avoue avoir été surprise, et surtout impressionnée par cette maîtrise des ombres. Le travail le plus conséquent se porte évidemment sur la représentation de Max, cette créature sortie tout droit d’un cauchemar d’Edgar Allan Poe. Monstre difforme et fascinant pour son histoire qu’on tente de reconstituer à travers les pages.


Un roman graphique qui intrigue de part son titre et sa couverture mais ne parvient pas à susciter l'intérêt jusqu’au bout.

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le 3 mars 2018

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