Si comme l'a dit Jean-Yves Tadié, professeur émérite de littérature à la Sorbonne et spécialiste du roman d'aventure, : "les meilleurs romans d'aventures sont sans doute aujourd'hui des bandes dessinées", c'est grâce à des oeuvres comme l'Or et le Sang. L'histoire de cette amitié singulière entre un aristocrate et un petit truand corse s'inscrit dans la lignée des épopées de Joseph Kessel ou James Fenimore Cooper.


Elle a pour cadre un épisode oublié de l'histoire contemporaine : la guerre du Rif au Maroc (1921 - 1926), considérée comme la première guerre de décolonisation. La violence des tueries y est contrebalancée par le romantisme des personnages épris de liberté, en particulier celui de Calixte qui ne demande qu'à faire revivre les temps héroïques.


Car de la grande guerre à la rébellion du rif, les deux héros massacrent un paquet de monde. C'est un récit violent, à l'image de l'époque qui est racontée, et de ces hommes habitués à la boucherie de la guerre industrielle. L'action est servie par un rythme impeccable, les plans sont méticuleusement choisis par les dessinateurs Merwan et Bedouel, dont le sens de l'action est cinématographique.


Le résultat est immédiat. Dès les premières pages, on rentre dans l'intrigue, et on n'en sort plus. Grâce à ses qualités graphiques autant que par le découpage du scénario, cette histoire en quatre tomes s'est donnée la qualité essentielle au récit d'aventure : le souffle. Si bien que quand on termine l'Or et le Sang, on a envie de descendre à Marseille s'acheter un voilier (qu'on baptiserait Arudj III), et de partir au Maroc avec une cargaison d'armes. C'est jouissif.


D'autant que le scénario est un petit bijou de fiction historique. Comme souvent avec l'excellent Fabien Nury, on se demande ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas, tant le cadre et l'univers sont travaillés en amont. On croise en effet des personnages historiques comme Franco (que les auteurs s'amusent à présenter en lâche, pour notre plus grand plaisir) ou Abdelkrim, le chef de la rébellion du Rif, et on a droit à un cours de géopolitique simplifiée des années 1920 en passant.


La saga de L'or et le Sang me semble donc incontournable pour tous les amateurs de grand récit d'aventure, bédéphiles ou pas. Si c'est votre cas, foncez !


"Pour le rif" !

Mathieu_Péquignot
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le 5 févr. 2018

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