Corto Maltese, c'est un monument de la bande dessinée, une référence indispensable du neuvième art, créé par Hugo Pratt, dessinateur au style si particulier, reconnu pour son coup de pinceau.

La Ballade de la mer salée, c'est un roman graphique mêlant aventure et poésie. C'est bel et bien une ballade, qui se lit comme on écoute une mélodie. Bien plus qu'une simple histoire, c'est un univers entier que l'on découvre. Un désert maritime, des îles indigènes, un ciel peuplé d'albatros, le tout sur un fond de guerre au début du XXème siècle.

Mais la Ballade de la mer salée, ce sont surtout des personnages. Raspoutine, dit "Ras", le complémentaire du héros, forban colérique se voulant plus impitoyable qu'il ne l'est. Pandora, "Bijou romantique", la touche féminine empreinte de sensualité, pivot central de l'intrigue. Caïn, son frère, moins sage, moins réfléchi et moins patient. Slütter, le lieutenant allemand tiraillé entre le devoir et l'honneur. Tarao, aux origines cannibales, qui n'a pas besoin d'une boussole et d'un compas pour être le meilleur des navigateurs. Cranio, le mélanésien reliant le monde moderne au monde indigène. Le moine, roi officieux du pacifique, figure emblématique sévissant dans l'ombre, qui reste pourtant une légende très humaine.

Et puis il y a Corto, prisonnier d'un radeau à la dérive sur l'immensité du désert Pacifique. Certainement la façon la moins conventionnelle d'introduire un héros dans une histoire. Corto, le marin aux yeux songeur, avec son anneau et sa cigarette, l'air détaché du temps, las des événements. Corto, c'est celui auquel on aimerait tous ressembler : il n'est ni bon ni mauvais, à la fois bandit et justicier, la chance à portée de main. Mais surtout, Corto Maltese est charismatique. Il plaît à tout le monde : aux truands comme aux bonnes gens, aux anglais, aux allemands, aux indigènes, aux blancs, aux hommes, aux femmes. Et à nous, lecteurs, car son charme n'a pas de limites.

Corto Maltese, c'est aussi un personnage de Pratt. Impossible donc de ne pas évoquer ce coup de pinceau qui était sa signature. Ce trait qui, a lui seul, donne tout son sens à cette aventure. Hugo Pratt, toute sa vie, était à la recherche du "trait juste", c'est à dire le trait le plus efficace. En ce sens, la Ballade de la mer salée est une réussite, le récit étant ponctué d'images très fortes et incroyablement vivantes. L'utilisation des aplats de noir en quantité est maîtrisée à la perfection, et c'est sans doute ce qui donne cette dimension lyrique au récit.

Bref, la Ballade de la mer salée, c'est un récit intemporel qui se lit, qui se regarde, qui se vit ; une ballade qu'on pourrait presque écouter. Corto Maltese, c'est le héros à l'image de cette ballade. Ce n'est pas qu'un marin.

C'est un pirate.
KoalaLeNicolas
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le 10 juin 2013

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le 10 juin 2013

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KoalaLeNicolas

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