C'est rien de dire que La Face cachée du Z est nettement moins convaincant que son prédécesseur et à peine moins pire que Spirou à Tokyo de Morvan/Munuera. On retrouve certes Zorglub, mais ça, on a eu le temps de s'y préparer depuis un an puisque c'est la suite immédiate d'Alerte aux zorkons.


Yoann & Vehlmann ont visiblement du mal à maîtriser leurs personnages (notamment Yoann, moins concentré que sur le précédent album, qui bâcle vraiment son dessin lorsque ceux-ci sont représentés en petit dans les cases au fond trop souvent vide). Vehlmann commet également des maladresses lorsqu'il fait référence à la publications des albums futurs (à la fin) ou lorsque Spirou évoque ses 50 albums d'expérience par exemple.
Pour ce qui concerne le scénario dans son ensemble, si l'histoire semblait bien démarrer, la sauce retombe trop rapidement (on se passerait bien de la partie de basket assez mal dessinée et des caprices de la star). Et que Spirou se transforme en machingarou n'est vraiment pas une bonne idée.


On est bien obligé de constater qu'en dehors du fait que nos héros sont sur la Lune, il ne se passe pas grand chose d'intéressant dans cet album qui ne sert qu'à introduire vaguement un nouveau méchant, dont on ne connaît même pas encore le nom. Peut-être aurait-il d'ailleurs mieux valu qu'il agisse au lieu de rester dans l'ombre. Les événements qui se déroulent dans cette aventure ne servent à l'évidence qu'a remplir un album avant de passer à la suite. Ça bouge beaucoup, mais ça n'avance pas.
Mais alors, pourquoi ne pas être directement passé à cette suite ?
A cause de Zorglub !


Zorglub arrive à Champignac (Alerte aux zorkons) et provoque une catastrophe en voulant dérober quelques bricoles à Pacôme. Les héros réparent ses bévues et il part pour la Lune. Pourquoi est-il venu ? Qu'a-t-il dérobé ? Mystère, pas de réponse, et suite au tome 52 dans lequel on découvre qu'il a conçu une base lunaire à l'aide de capitaux versés par un inconnu, le mystérieux V. Puis il s'en va conquérir les étoiles (ceci n'est même pas un "spolieur", tant l'aventure qui se déroule sur la Lune n'a rien à voir avec lui).
En fait, Zorglub arrive et il repart. Point. Et en deux tomes s'il vous plaît ! Et il a beau trôner sur cette jolie couverture écarlate, il n'apparaît que très peu dans l'album (en ce sens, la moche couverture bleue correspond mieux au contenu).
J'en reviens donc à mon propos concernant le tome 51 : pourquoi nous avoir encore servi Zorglub si c'était pour n'en rien faire !??!! Pourquoi Yoann & Vehlmann n'ont-ils pas par exemple commencé à introduire le nouveau méchant dès le tome 51 au lieu de perdre du temps avec lui ? Ou tout simplement fait deux histoires indépendantes ?
Avec Zorglub, les auteurs se sont eux-même tiré une balle dans le pied.


L'ambiance est toutefois un peu là et l'apparition de ce méchant potentiel - certes trop tardive (la dernière case) - suscite un soupçon d'intérêt. On apprécie aussi l'humour des références aux aventures bourrines de Poppy Bronco, ou encore les petits touches comiques comme les cellules de Spirou portant un calot ou le type qui fait bouger la cape de Zorglub pour créer un effet venteux grandiloquent. Ces quelques petits éléments disséminés et la succession de péripéties sans réels liens masquent cependant très mal un manque évident de scénario servant à meubler jusqu'à la dernière page.


L'album suivant était décisif car les auteurs devaient désormais s'approprier franchement la série. S'étant enfin débarrassés de Zorglub, ils devaient pouvoir nous raconter une nouvelle vraie histoire sans se cacher derrière de mauvaises excuses, en arrêtant de lorgner du côté de la science-fiction contre-productive et en revenant à des récits qui soient de réelles aventures au parfum policier et tenant la route de bout en bout.
Malheureusement, la suite n'a encore pas été à la hauteur.


Et dernier point pour conclure : ce serait bien de cesser une fois pour toutes de justifier la façon de s'habiller de Spirou. Il faut assumer ou il faut dessiner autre chose. Tintin ne s'est par exemple jamais justifié de porter des culottes de golf. Alors pourquoi Spirou devrait le faire à longueur de temps à propos de sa livrée de groom ? C'est pénible et pas drôle. Les auteurs n'ont qu'à faire comme Tome & Janry, ou Fournier avant eux et même Franquin qui le premier, dans Panade à Champignac, avait modernisé le personnage en le vêtant d'un blouson rouge et d'un pull blanc, tout en conservant le calot, le pantalon et les guêtres. C'était un bon compromis qui n'a jamais gêné personne.

Muffinman
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le 31 janv. 2015

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