Caméléon hypnotique

Un avertissement : cet avis se fonde sur l'édition parue chez FLBLB.

Un aveu : je ne sais pas si La femme insecte possède un lien quelconque avec La femme serpent d’un autre mangaka (vous avez 30 secondes pour retrouver le nom de ce dernier). Il faudrait demander à Toshiko Tomura, du moins si vous arrivez à la rencontrer. La dame est en effet difficile à saisir et nombreux sont les hommes à qui elle a fait tourner la tête. Certains ne s’en sont pas remis, d’autres essayent… Les relations fusionnelles ne sont pas toujours bonnes à prendre.

Vous l’aurez compris : l’héroïne de Tezuka est mystérieuse, insaisissable. Pour la caractériser schématiquement : elle est un personnage amoral, capable de s’approprier les « talents » des personnes qui l’intéressent. Elle cumule ainsi les récompenses au théâtre, en design, littérature, photographie… elle passe d’un domaine à l’autre sans jamais trouver ce qui peut la satisfaire durablement, comme lassée, à la recherche d’un nouveau défi à relever.

Le récit reconstitue des fragments passés et présents de la trajectoire de Toshiko Tomura. On y croise des hommes, des femmes, des envies, des décisions, des larmes, du feu, la mort. On observe quelques facilités scénaristiques pour aider l’héroïne et on ressort de La femme insecte avec plus de questions que de réponses. Ce n’est pas le signe d’un échec mais plutôt d’une intrigue qui n’est pas en vase clos et qui ne cherche pas à asséner une quelconque leçon de morale ou conclusion.

Comme mentionné en fin d’ouvrage par Tezuka Productions, ce manga de 1970 s’inscrit dans une période qui ne correspond pas forcément à l’actuelle, d’où le fait que certains propos et situations sembleront peu familières voire peu adaptées. Xavier Guilbert, dans sa préface à l’ouvrage, évoque que Tezuka n’était pas forcément à l’aise avec ses héroïnes féminines, même si nous sommes loin d’Ayako et que La femme insecte nous propose d’observer les mues d’une femme, comme un entomologiste à la recherche de chrysalides. Attention à ne pas vous brûler les doigts.