Thorgal, une série qui a marqué mon enfance, et très agréable à relire 15 ans plus tard.
"La Magicienne trahie" est une histoire bien menée, riche en rebondissements et de bonne facture scénaristique. Pour être honnête, je ne trouve pas l'intrigue d'une originalité renversante, mais c'est plutôt en comparaison avec les tomes suivants que j'ai cette impression.

Déjà quelques éléments discrets de science-fiction viennent se mêler au récit habilement camouflés en heroic fantasy, et ce tome gagne à être relu à la lumière des tomes suivants. Certains détails, comme le rapport de la magicienne à son loup, trouvent un nouvel éclairage plus de 15 tomes plus tard, ce qui donne un aperçu de la virtuosité scénaristique de l'ensemble.

La personnalité de Thorgal, encore assez floue, est toutefois dès ce premier volume un des moteurs principal du récit et une de ses originalités : son système de valeurs, propre à lui seul dans le récit, voue le héros à de nombreuses péripéties, et s'allier ou se battre contre les mêmes personnages selon les circonstances. Et comme on peut supposer que ces valeurs, faites d'humanisme et d'honneur, sont généralement celles du lecteur moyen d'aujourd'hui, mais qu'elles sont difficiles à appliquer pour un homme ordinaire, l'identification au personnage fonctionne à plein régime.

On voit déjà poindre une des autres originalités pour une série d'heroic fantasy, celle de personnages féminins forts, complexes et mystérieux, avec Slive. Aaricia ressemble davantage ici à l'image classique de la "princesse" mais les auteurs ont l'air de s'en amuser (surtout quand on connaît la suite de l'intrigue)

Thorgal reçoit dès la page 2 la cicatrice à la pommette droite sous laquelle on le connaît tout le reste de la saga, comme si c'était l'acte fondateur par lequel le récit pouvait commencer...

Le mini-récit "Presque le paradis" bien que très classique, est très réussi. Les thèmes, rebattus mais fondamentaux (l'immortalité, la jeunesse éternelle, le temps) sont traités avec brio et contribuent à donner à cette historiette un certain pouvoir de fascination.
Noter à la fin un clin d'œil possible à un passage marquant de la Planète des Singes (le film de 1968) dans un récit par ailleurs très heroic fantasy... Comme si, même ici, les auteurs souhaitaient faire jouer le mélange des genres.

Bref, un récit plaisant, qui prend de la valeur si on le place dans l'économie de la série.
bastard-eyperien
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le 2 août 2011

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