Il y a un début à tout

La Mine d'or de Dick Digger n'est pas la première histoire de Lucky Luke, c'est Arizona 1880, mais ce sera le premier album édité par Dupuis en 1949.

L'Histoire retiendra donc que tout a commencé par une case muette où Lucky Lucke fait paisiblement sa sieste au pied d'un arbre avec Jolly Jumper broutant tranquillement son herbe en arrière-plan.
Une quiétude telle le tableau La Méridienne de Van Gogh ou encore du fameux "Au pied de mon arbre, je vivais heureux" de George Brassens.
Ce côté force tranquille solitaire, Lucky Luke en sera l'incarnation.

S'en suit quelques planches plus tard, la 5, un autre attribut :

Mrs Digger, je n'aurai pas de repos avant d'avoir trouvé les coupables et rapporté vos plans

Cette soif de justice, non pas pour la gloire personnelle mais pour des idéaux auxquels les paroles doivent s'accompagner d'actes, Lucky Luke en sera l'incarnation.

Côté dessin, la maitrise du gaufrier, le dynamisme des actions, les perspectives variées, l'audace des couleurs en aplat de jour comme de nuit, Morris montre déjà tout l'étendu de son talent, ici au stade de potentiel à exploiter. Il disait :

Je me suis toujours attaché à être très lisible, très clair dans mon graphisme. Si le lecteur doit regarder trop longtemps avant de comprendre le dessin, c'est qu'il n'est pas bon.

Alors oui les deux histoires que composent ce tome seraient tombées dans l'oubli si la suite n'avait pas connu la destinée qui lui était promise. Pris isolément, en faisant abstraction de tout, ce tome ne peut pas prétendre à plus qu'une note assez basse.

Mais qu'importe, l'essentiel n'est pas là.

Morris vient de créer un cow-boy qui sera un mythe n'ayant jamais galopé après ça. L'univers immensément riche vient d'être posé et il ne nous quittera plus jamais.