Je suis une grande admiratrice des "Passagers du Vent", série en cinq tomes de François Bourgeon. J'aime le dessin, la psychologie des personnages, le témoignage historique, l'immersion maritime et le fil narratif plutôt cru et violent. C'est une série qui a fortement marqué mon adolescence.
Pendant des années, je n'ai pu mettre la main sur la suite en deux tomes titrée "La petite Fille Bois-Caïman". Dernièrement, j'ai enfin pu la découvrir, ne sachant plus trop à quoi m'attendre. On retrouve le même trait même si mon œil a dû changer car je n'ai pas trouvé au dessin le même charme que précédemment. Toutefois, cela reste du bel art graphique.
Ce volet est plus sédentaire et se déroule intégralement en Louisiane. Dépaysement garanti. Si voyage il y a, c'est plutôt dans le temps. Zabo, arrière-petite-fille d'Isabeau - la fameuse "Fille sous la dunette" - est sudiste et fait donc partie des perdants de la meurtrière guerre de Sécession. A travers des bayous infestés de prédateurs - pas tous animaliers mais tous bestiaux -, Zabo et Quentin, un compagnon d'infortune, cherchent à rejoindre un asile familial. Après bien des périples, ils y parviennent, faisant la rencontre de la bisaïeule de Zabo, Isabeau en personne, presque centenaire. Pour les deux parentes, c'est une occasion unique de se connaître enfin, de s'instruire de la personnalité de chacune et de transmettre l'histoire d'une vie violente et mouvementée, lourde de secrets.
Le récit m'a bien accrochée même si je ne m'attendais pas à faire un bond dans le temps de plus de soixante-dix ans. J'ai été intéressée par le contexte et par les considérations sociales et politiques développées par les personnages. Un bémol cependant : certains dialogues se sont révélés plutôt abscons sous couvert de faire de l'esprit.