Monstrueuse humanité

Je précise d'emblée que je n'ai pas lu le tome 1. Mais bon, je considère que si une histoire est bonne, ça doit se sentir peu importe qu'on commence par le premier tome ou pas. Et mon insatisfaction ne vient pas uniquement du fait que je n'ai pas tout pigé...

En effet, la narration m'est apparue bien pauvre. La mise en parallèle de ces deux univers n'est pas inintéressante, c'est juste qu'on ne sait pas trop où l'auteur veut en venir ; on déduit quelques liens, quelques métaphores mais pas tout. Et puis on ne sait pas trop ce que ça raconte. Il y a des amorces qui donnent envie de savoir mais l'auteur ne les approfondit jamais, ne fait rien de tous ces éléments qu'il amène. Si bien qu'arrivé au 3/4 de l'album, je me suis déjà senti floué, j'ai su que l'auteur ne répondrait à aucune question, qu'il se contenterait de jouer son mystique. C'est dommage parce qu'il y a clairement du potentiel dans cette narration mais si c'est uniquement pour tourner autour du pot et jouer sur l'aspect mystérieux, alors ça n'en vaut pas tellement la peine. J'ai aussi eu une sensation de redite par rapport à "Black Hole", ce qui en soi n'est pas un problème (je ne me lasse pas de découvrir les nouveaux films de Woody Allen), c'est juste qu'ici il va moins loin, comme si renvoyer à une autre de ses BD suffisait pour établir les liens. C'est donc décousu, ça part un peu dans tous les sens, ça ne va pas plus loin que le mystère affiché.

Graphiquement c'est globalement agréable, on a droit à quelques jolis effets, des ambiances un peu glauques et un peu bizarres qui fonctionnent. Mais le trait de Burns trouve rapidement ses limites : c'est gros, ça empêche toute finesse, même les cadrages deviennent très vite mécaniques, répétitifs, figés. On a du mal à imaginer un monde vivant au-delà de ce qui est représenté, tout étant trop fermé. La mise en page est plutôt agréable, les pages étant découpées dans un souci de symétrie ou au moins avec un jeu de regard. Le découpage de l'action en soi est par contre un peu navrant, la caméra ne bouge pas trop. Il y a de très belles séquences grâce à une approche très cinématographique (la manière dont il se rapproche dans l'axe par exemple), mais en même temps c'est un peu trop mécanique comme si l'auteur se contentait d'appliquer une recette en oubliant l'intérêt de la spontanéité.

Bref, je suis mitigé face à cet album. SI je n'ai pas le premier tome, j'ai tout de même réussi à me procurer le troisième que je lirai donc prochainement.