Et quand il pétaure il troue son slip

Trolls de Troy est une série qui vieillit plus au moins bien selon les albums. Elle avait pourtant démarré en fanfare, nous proposant – outre l’environnement bien connu de Troy – humour noir du meilleur effet, jeux de mots moisis, et grande aventure à travers le monde. Maintenant que nos personnages ont retrouvé leur village natal, leurs histoires oscillent entre l’excellent (Les Maléfices de la Thaumaturge) et le franchement bof (Trollympiades).
Dans tout cela, La Trolle Impromptue semble faire dans la facilité, comme si ses auteurs – sans doute encouragés par leur éditeur à continuer d’exploiter cette manne – s’étaient mis en pilotage automatique.

Waha forcée de vivre comme une humaine, avec une famille humaine (et noble de surcroit), il fallait bien que cela arrive un jour pour de bon, après avoir régulièrement fait office de comique de répétition. Nous dirons donc que tout cela était attendu. L’idée, c’est d’utiliser un pouvoir malencontreux pour échanger l’esprit d’une rat de bibliothèque rondouillarde avec notre Waha nationale, chacune allant devoir passer quelques temps dans le corps de l’autre avec plus ou moins de bonheur. Une utilisera sa tête pour donner des coups de boule à tous les empêcheurs de se salir en paix, et l’autre pour apprendre à vivre parmi des créatures féroces et pas franchement dégourdies. Je vous laisse deviner qui est qui.

Le concept vend du rêve, et l’album est plaisant quoique convenu. Le seul reproche que nous pouvons lui faire, c’est qu’il aurait pu aller beaucoup plus loin ; un gag avec des poules à la fin de l’histoire nous rappelle que, s’ils l’avaient voulu, les auteurs auraient pu nous pondre une aventure beaucoup violente, décalée, sexualisée, et méchante. Et compte-tenu de la justesse du gag en question, nous ne pouvons que regretter que tout ne fût pas à ce niveau. Là, nous aurions tenu un des meilleurs albums depuis longtemps. Mais en l’état, La Trolle Impromptue est une histoire agréable, qui ne fait pas tâche au sein de la série, mais loin de ses meilleurs représentants.
Je doute que les amateurs de Trolls de Troy attendent encore des merveilles des nouvelles histoires, mais celle-ci permet au moins de passer un bon moment de lecture et ne souffre d’aucun défaut majeur, sinon d’un manque d’ambition.