Bonne surprise, ce "Chanteur sans nom". Déjà, la partie graphique assurée par Olivier Balez est vraiment très belle. Il a un trait au pinceau très élégant, très vivant et absolument maîtrisé, que ce soit dans les décors ou les personnages, que ce soit des moments comiques ou plus sérieux. En plus, c'est couplé avec une mise en couleur assez audacieuse, souvent proche de la bichromie, qui rend très très bien. C'est vraiment une belle enveloppe pour le récit d'Arnaud le Gouëfflec.

Ce dernier nous parle du Chanteur sans Nom, un chanteur oublié des années 30-40, ami de Piaf et d'Aznavour. Et c'est assez intéressant, puis qu'on suit un personnage dans sa quête d'informations autour du chanteur, et ayant été quelqu'un d'assez peu connu, n'ayant pas écrit ses mémoires, le portrait de ce dernier ne se bâtit pas d'un coup mais petit à petit, a travers les différents témoins de sa vie que le protagoniste rencontre ou a travers le fantôme du chanteur qui raconte sa vie.qui a un côté sombre.

Ce qui est intéressant c'est d'avoir conjugué l'avancée des recherches avec la chronologie de sa vie, mais aussi avec la perception qu'on a du chanteur. On apprend à le connaître, il nous paraît sympathique, injustement méconnu, et soudain on saisit sa face sombre, on saisit pourquoi sa carrière n'a jamais pu redémarrer après la guerre, on saisit son impact sur les autres, positif et négatif. C'est vraiment intéressant puisque le portrait est ainsi ni blanc ni noir et ça rend la chose assez touchante. Le personnage du chanteur sans nom est d'ailleurs globalement très attachant.

Une chose qui m'a étonné dans la narration de cet album, c'est que Le Gouëfflec ou Olivier Balez, je ne sais pas, semble très attaché à la page comme unité narrative (ça fait vraiment pompeux pour rien quand je dis ça), avec, surtout au début, une espèce de chute à chaque fin de page, une sorte de conclusion partielle de ce qui est en train d'être raconter. Ça donne une rythmique un peu bizarre à l'album, même si pas forcément désagréable. Mais je trouve que Les auteurs s'en sortent mieux sur la fin quand ils osent faire des pleines pages, des doubles pages, s'étaler un peu plus dans sa narration. Chaque page reste bien construite, avec toujours ce sens de la fin de page, mais ils se permettent plus d'effets, surtout qu'il y a aussi des passages plus sombres... C'est vraiment très efficace.

Au final, c'est un album très agréable et franchement réussi, que ce soit dans le scénario, intelligemment construit, ou dans les dessins, plein de personnalités et sans maladresses aucune. Très belle réussite.
arnonaud
8
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le 6 sept. 2014

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arnonaud

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