Le Gourmet Solitaire présente sous la forme de courts chapitres (j'ai envie de dire nouvelles), les pérégrinations culinaires dans le Japon de tous les jours d'un représentant de commerce dont on sait bien peu de l'état civil, mais au fil du livre, beaucoup des goûts alimentaires et de l'état d'esprit.
Chaque chapitre organisé autour d'un met particulier et de la manière de le consommer a une trame assez stéréotypée : le Gourmet a faim, il réfléchit plus ou moins longtemps à ce que sa situation devrait l'inciter à manger, achète/commande, analyse sa nourriture avant, pendant et après la dégustation et achève souvent ses réflexions au sortir du restaurant sur une pensée plus générale ou philosophique.
Tant sur le fond que sur la forme, on ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec la célèbre Première gorgée de bière de notre Philippe Delerm national, que tout le monde a pris plaisir à découvrir puis à dénigrer (comme il se doit d'un livre écrit simplement autour d'une idée simple et qui plait au plus grand nombre). Et effectivement, les premières nouvelles offrent les mêmes impressions de plaisir et de banalité mêlées. Pourtant, soit que le dessin permette de plus montrer et évoquer et de moins décrire, soit que Taniguchi (et Kusumi, le co-scénariste) soient réellement plus talentueux que Delerm (soit les deux), les impressions positives vont croissant au fil des pages, trouvant de plus des résonances inattendues dans les champs historiques, touristiques et surtout sociaux (le néophyte que je suis a beaucoup appris et compris en lisant les notes de bas de page qui abondent dans le livre) tant et si bien que j'ai achevé le livre de manière surréaliste attablé en solitaire dans un buffet à volonté sino-vietnamo-nippo-corréen !
Samanuel
8
Écrit par

Créée

le 2 janv. 2011

Critique lue 394 fois

7 j'aime

Samanuel

Écrit par

Critique lue 394 fois

7

D'autres avis sur Le Gourmet solitaire

Le Gourmet solitaire
Tezuka
5

Le Goinfre mélancolique

Taniguchi a une fâcheuse tendance à construire des personnages principaux détestables. Après le protagoniste de "Quartier Lointain", un adulte dépourvu de la moindre poésie qui ne retrouvait une...

le 24 févr. 2014

16 j'aime

2

Le Gourmet solitaire
Veather
7

Un Taniguchi Jirô phare de la bande dessinée...

« Les japonais aiment beaucoup les étrangers, et on vit très bien comme travailleur émigré au Japon... Surtout si on n'est pas noir, pas chinois, pas coréen, pas une femme, pas homosexuel, pas...

le 18 oct. 2014

14 j'aime

3

Le Gourmet solitaire
ArthurDebussy
8

Mélancolie gourmande

Si je devais faire de grossières comparaisons, le mangaka Hayao Miyazaki lorgnerait vers l'art d'un Akira Kurosawa tandis que Jirô Taniguchi se rapprocherait d'un Yasujirô Ozu. Bien évidemment, il y...

le 28 mars 2020

10 j'aime

7

Du même critique

L'Ascension du haut mal
Samanuel
9

Un sommet a été atteint

L'Ascension du Haut Mal, comme ne le dit qu'à moitié le titre, est une oeuvre autobiographique relatant la jeunesse de l'auteur autour du fil conducteur principal que constitue l'épilepsie de son...

le 25 avr. 2011

24 j'aime

L'Enfer, le silence - Blacksad, tome 4
Samanuel
7

Pente descendante...

Je n'ai découvert Blacksad que récemment, alerté par le bruit qui a entouré la sortie de ce quatrième opus de la série. Si j'ai pris le temps de lire les albums "dans l'ordre", je n'ai donc pas eu,...

le 30 nov. 2010

22 j'aime

8

Les Montagnes hallucinées
Samanuel
7

Etrange, inquiétant, délirant... et daté

Sur le fond, Les Montagnes Hallucinées rentre dans les standards de ce que l'on attend chez Lovecraft : l'irruption de l'irrationnel, de la peur et de la folie dans un univers par contraste très...

le 14 déc. 2010

20 j'aime

2