Après un second tome qui m'avait plu par son action et son graphisme, mais déçu par sa rapidité scénaristique, j'ai d'abord regardé la longueur de ce troisième numéro de la saga. 50 planches, c'est mieux que les 46 du derniers sans être extra pour autant.
Qu'importe, la narration change totalement et on passe à une manière de conter l'histoire très différemment. Finis l'ambiance huis-clos et la monté de la mutinerie, ici Long John Silver est le seul maître à bord, il amène son équipage sur la bonne route en suivant Lady Hastings avec qui il a passé un pacte. On a donc un gros défoulement des personnages tout fiers d'être possesseurs du Neptune. Rassurez vous si vous craigniez qu'en ralentissant le rythme on tombe dans l'inertie. Loin de là, Xavier Dorison nous offre sa meilleure narration de la saga en faisant à la fois avancer l'équipage sans pour autant donner le sentiment d'aller trop vite.

Je passe rapidement sur le dessin pour dire qu'il y a de grands changement de teintes. Les couleurs sont plus douces pour le côté "eau douce" justement. Cependant les paysages restes très maitrisés. Je trouve amusant de voir que définitivement Mathieu Lauffray maitrise mieux ces grands décors naturels que l'Angleterre du premier tome.

Les personnages ont déjà été développés au préalable mais c'est plaisant de les voir continuer à avancer. Vivian Hastings et Silver sont bien sur les héros et leurs personnalités ont déjà été fixées. Celles-ci sont peut être trop sommaires au gouts de certains et on peut le comprendre. On est pas dans un récit avec des personnages très complexes, avouons le. Cependant, ce tome continue à faire avancer Silver, montrant un peu plus ce qu'on savait déjà, mais développant ainsi le personnage. De la même manière, si elle n'évolue pas, Hastings montre mieux qui elle est.
Livesey, ce bon docteur, reste toujours égal à lui-même. C'est à dire énervant. L'aventure avançant toute seule, on ne voit guère plus sa narration (rendant le personnage encore plus inutile), le peu qu'on le voit nous amène à ne même pas ressentir de la pitié pour lui, mais plutôt de la gêne de le voir si inactif, si inutile et si ridicule. Il est misérable par tant d'inaction et cette tendance à se plaindre sans cesse comme un esclave prisonnier de lui-même. On pourra reprocher à Dorison de ne pas arriver à dépeindre suffisamment le malheur du personnage, se limitant à une certaine superficialité.
De plus, notons le personnage de Paris dont le traitement a pour le moins été exagérément mauvais. Utilisé de façon rapide, il n'a guère à offrir finalement. Ce sentiment d'utiliser mal certains personnages secondaires, présentés pourtant comme importants dans le tome 1, avait déjà été ressenti dans le précédent volet. C'est donc décevant de voir que des pistes sont traités trop rapidement.
De manière surprenante, le personnage qui sort renforcé est Dantzig, lieutenant du petit frère Hastings. Il était apparu comme le soldat fidèle mais doté de valeurs morales supérieures. Il se complexifie et on sent en lui qu'il n'est pas dépossédé de désirs mais est, avant tout, un homme d'honneur. Un personnage intéressant qui sera à la hauteur des attentes qu'il suscite j'espère.

Comme nous le voyons, il y a, finalement, un beau traitement sur les personnages dans ce tome. Sans les faire évoluer (à part Dantzig) ça permet surtout de mettre d'avantage en place ce qui avait été jusque là sous-entendu ou raconté (trop) rapidement par le passé. Cependant après une aventure relativement douce, plaisante mais pas forcément avec une forte tension scénaristique, celle-ci revient dans les dernières pages. On sent que la résolutions approches lors d'un passage particulièrement critique que ce tome nous amène. Une belle fin pour ce tome 3, qui sait relancer la série pour un ultime tome.
mavhoc
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le 27 avr. 2014

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mavhoc

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